Les batailles de Metzeral et du Linge

La maison Mémorabilia vient de publier un ouvrage intitulé « Les batailles de Metzeral et du Linge », d’Yves Buffetaut.

La réalisation de ce travail a été alimentée par Hubert Durlewanger et Bruno Ferry, que j’avais rencontrés cet été dans les Vosges. L’ouvrage de 82 pages est annoncé avec une iconographie importante et son prix de vente de 20 € (hors frais de port).

On peut l’acquérir ici.

Voici sa présentation, repris d’un des sites vendant l’ouvrage :

Après des succès trop faciles en début 1914, l’armée française est rapidement repoussée dans les Vosges, vers la ligne des crêtes, où le front se stabilise en fin d’année 1914, quelques villages restant inoccupés dans les vallées les plus profondes. C’est le cas de la Fecht de Metzeral, à l’ouest de Munster.
En février 1915, les Allemands lancent une offensive et s’emparent de Metzeral et de quelques autres villages et surtout des sommets qui les entourent.
Le haut commandement français, craignant pour la ligne des crêtes, ordonne de les reprendre. Ainsi débute l’offensive pour Metzeral qui s’achève en juin 1915 par sa conquête.
Le général Joffre veut alors un succès plus notoire, avec la capture de Munster “par les sommets”, afin de s’ouvrir la route vers Colmar. ll est alors décidé de faire sauter le verrou du collet du Linge. Des attaques très meurtrières sont menées en juillet 1915, avec des résultats insignifiants.
Les Allemands reprennent une partie du terrain perdu en août et la bataille s’achève dans de petites opérations de détails très coûteuses.
En raison des très lourdes pertes subies en juillet 1915, le Linge est depuis surnommé le tombeau des chasseurs. Il est surtout le symbole des attaques inutiles et meurtrières de l’année 1915.

Après le volume consacré aux batailles de l’Hartmannswillerkopf en 1914-1916, ce volume complète l’étude des batailles livrées dans les Vosges en s’intéressant aux combats de la Fecht de Metzeral, de février à juin 1915, puis du Linge et des sommets voisins, le Schratzmännele et le Barrenkopf, de juillet à octobre 1915.

Les batailles de la Fecht de Stosswihr et de l’Altmattkopf
La bataille de la Fecht de Metzeral
L’association du mémorial du Linge
Les attaques des 20 et 22 juillet
26 juillet au 25 août 1915

Mon avis après réception

Plus qu’un ouvrage, la publication est plutôt sous le format d’un hors-série, à la couverture magazine souple. Son prix m’aurait initialement amené à attendre un véritable livre.

Son contenu comprend d’une part un récit chronologique sur les deux batailles, à savoir celle de Metzeral (et ses préliminaires, dont la prise de Mittlach), et celle du Linge. D’autre part, deux passages sont consacrés aux musées de l’ambulance alpine et du mémorial du Linge, forts instructifs par ailleurs et illustrés de plusieurs pièces exposées dans le musée.

Le récit des combats semble s’appuyer sur les historiques régimentaires, et quelques ouvrages de référence comme celui du général de Pouydraguin réédité par le mémorial. Toutes les sources ne sont probablement pas mentionnées. L’auteur a aussi puisé du côté des Allemands, ce qui met en perspective double certains combats. En revanche, il ne semble pas avoir élargi ses sources à tout ce qui a pu être publié ces dernières années sur les deux combats. Par exemple, s’il ne commet pas l’erreur de parler des 10 000 tués français (il précise que ce nombre est inexactement repris du général de Pouydraguin), il en évoque une estimation de 2 500 sur la base d’un simple calcul de 25% de tués parmi un chiffre de pertes (pertinent par ailleurs pour une estimation grossière). La consultation des publications récentes d’Eric Mansuy aurait permis de préciser un nombre précis à la fois des pertes (plutôt estimées à 12 000) et des tués (environ 3 600).

Le commandant Barberot quant à lui n’est pas nommé dans l’assaut de la cote 830 (un combat assez sommairement décrit alors que c’est la clé de la victoire, dixit Pouydraguin) mais son décès est mentionné pour le 4 août 1915. J’ai été étonné de lire ce passage sur les conditions de sa mort, une version que je n’avais pas encore rencontrée :

« Le commandant Barberot, chef du 5e bataillon, donne l’ordre de contre-attaquer immédiatement. Il est tué immédiatement par un éclat d’obus … »

Le 4 août, les Allemands déclenchent un bombardement d’artillerie d’une intensité rare (on parle de plusieurs milliers d’obus tirés). Sous ces bombardements une contre-attaque aurait été bien difficile à envisager, d’autant que les Allemands n’avaient pas encore attaqué (l’artillerie précède l’assaut). Pouydraguin en parle, mais sans indiquer exactement quand cette contre-attaque a eu lieu.

Concernant les illustrations, l’auteur puise largement dans les belles photos disponibles sur le site de la Contemporaire. Je les ai moi-même utilisé à plusieurs reprises. Il y a quelques clichés exclusifs, mais l’ensemble est d’abord une belle valorisation du fonds.

En résumé, un hors-série de synthèse des deux batailles.


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