Ufholtz

9 août 1914 : funeste dimanche pour le 133e RI

Le 9 août 1914 reste dans l’Histoire la date du baptême du feu du 133e RI (le 7 août 1914 n’en ayant été qu’un très modeste préambule). Pourtant, le jour qui portait ce régiment sur les fonts baptismaux de la Grande Guerre n’occupe que deux pages dans son JMO (Journal de Marches et d’Opérations). Les combats y sont décrits d’une manière qu’il est assez peu aisé de saisir – tant les diverses compagnies y ont été affairées – si ce n’est armé d’une bonne carte et de beaucoup de patience. Il y manque finalement une vision d’ensemble et une conclusion parlante. Mais après tout, telle n’est pas la vocation d’un JMO. Les quatre pages qui y sont consacrées dans l’historique régimentaire sont bien entendu, a posteriori, plus révélatrices quant au déroulement de la journée. Cependant, elles sont bien elliptiques pour ce qui relève des actions des unités allemandes et des pertes finales. Moralité, il y manque, en quelque sorte, la moitié de l’histoire. Aussi est-il peut-être temps, grâce aux ressources que nous offre la modernité, de tenter de combler ces manques et d’y voir plus clair…

Merci à Eric Mansuy pour ce nouvel article.  

Les combats de Cernay et d’Uffholtz

L’ordre de bataille du 133e RI à la veille du 9 août 1914

Le 8 août 1914, le 133e RI quitte Thann à 13 heures 30 avec les 7e et 9e batteries du 4e RAC. Sa mission est d’occuper Cernay, qu’il atteint à 14 heures 30 sans opposition, et où il cantonne.

Les 6e et 7e compagnies (du 2e bataillon), respectivement sous les ordres des capitaines DESTRONCHEZ et JUBERT, établissent des avant-postes à Uffholtz.

La 9e compagnie, du capitaine CLAUDE (3e bataillon), occupe la Fabrique Schwartz.

La 12e compagnie, du lieutenant BONNEFOY (3e bataillon), est à la station de Cernay.

Tout est en place pour le lever de rideau sur le drame du 9 août…

L’attaque allemande du 9 août 1914

La quiétude du début de matinée de ce dimanche ensoleillé n’est troublée par aucun événement. Entre 10 heures 45 et 11 heures, cependant, tout s’accélère. Des colonnes allemandes progressent, venant du Nord. Au sein du 1er bataillon, alors que la soupe allait être prête, des marmites sont renversées, et c’est le branle-bas de combat. Le capitaine AUDÉ, commandant la 2e compagnie de ce bataillon, hurle en revanche : « Pendez les marmites aux bretelles de suspension ! Qu’on ne renverse pas la soupe comme à Wissembourg ! » [en août 1870] Quel que soit le sort réservé à la pitance, il s’agit de gagner au plus vite les pentes de la Cote 425, sur laquelle et à ses abords s’installent alors la 1re compagnie (du capitaine FILLON) et la 4e compagnie (du capitaine CORNIER), appuyées en deuxième ligne par la 2e compagnie (du capitaine AUDÉ) et la 3e compagnie (du capitaine TUSSEAU). Au milieu du vignoble et au sommet, des trous de tirailleurs sont creusés à la hâte entre deux bouchées du repas avorté plus tôt. 

A Uffholtz se trouvent les 5e et 7e compagnies (du 2e bataillon), des capitaines LAFON et JUBERT. Sur leurs arrières, les 6e et 8e compagnies, des capitaines DESTRONCHEZ et MARTIGNON, relient le 2e bataillon – qui a en outre détaché un peloton à Steinbach – au 1er bataillon.

Le reflux sur la cote 375

A midi, les Wurtembergeois de deux compagnies du IIIe bataillon de l’Infanterie-Regiment 126 attaquent Uffholtz. Sur leur droite se trouvent le IIe bataillon de ce même régiment puis l’Infanterie-Regiment 132, qui progressent laborieusement vers Steinbach. Les défenseurs d’Uffholtz, attaqués de front et risquant d’être tournés sur leur gauche, décrochent vers 15 heures en direction de la Cote 375, au Sud de Steinbach. Alors que l’Infanterie-Regiment 126 pousse son avantage en descendant vers Cernay, l’Infanterie-Regiment 132, sur son flanc droit, attaque Steinbach. Le lieutenant Henry MARTIN, de la 2e compagnie, voit débuter l’assaut :

« Vers trois heures de l’après-midi, la fusillade s’est rapprochée. En observant à la jumelle la lisière des bois derrière le village de Steinbach, je vois en sortir à 1.200 ou 1.500 mètres (distances appréciées au cours de la préparation des trous de tirailleurs) comme une mousse rougeâtre : c’étaient les tirailleurs allemands qui débouchaient déployés. Leurs uniformes feldgrau ornés de passepoils rouges tout neufs me donnèrent cette impression rougeâtre. Impatient, je fis ouvrir le feu à 1.200 mètres. La vague s’arrêta, non pas stoppée par nos projectiles, mais sans doute parce qu’un arrêt était méthodiquement prévu sur cette lisière boisée. Je reçus alors l’ordre de me mettre à la disposition de la 3e compagnie (capitaine TUSSEAU), compagnie de gauche du bataillon. Le capitaine TUSSEAU me précise qu’il faut aller m’établir au flanquement en avant de notre front dans le fond du ravin au-dessous de Steinbach. J’obéis en me glissant avec mes hommes à travers le couvert des feuilles des vignes. Mais une fois au fond du ravin je trouve la position bien peu efficace et bien dangereuse : pas de champ de tir, risque d’être pris à revers par l’ennemi qui peut s’infiltrer depuis Steinbach par les pentes boisées derrière mon dos. Je décide de remonter auprès du capitaine TUSSEAU pour lui demander plutôt de prolonger sa gauche face aux bois par où un débordement est possible. Nous coulant à travers les vignes, nous risquons peu d’être vus. Mais à mi-pente nous tombons dans les gerbes de balles des mitrailleuses allemandes qui ont ouvert un feu massif sur la crête de 425. Les coups courts de ces gerbes tranchent les feuilles tout autour de nous, un de mes hommes est blessé et tombe en criant : « Vous me vengerez ; dites à mon frère de me venger ! » Nous le portons ou plutôt nous le soutenons comme nous avions fait, pendant la course de ski de 1913 à Gérardmer, de notre camarade handicapé par une entorse du genou. Nous n’eûmes pas d’autres pertes pendant ce décrochage. »

La situation semble se dégrader rapidement, et inexorablement, maintenant que la perte de Steinbach a eu lieu. Le lieutenant COMBE, à la tête de ses mitrailleurs, en a décidé autrement : il prend sous son feu les hommes débouchant du bourg et les fait momentanément refluer. C’est néanmoins un sursaut de courte durée, car les mitrailleurs allemands, ayant à présent en ligne de mire les pentes leur faisant face, couvrent le vignoble d’un tir meurtrier. Les fantassins du 133e RI ne vont certainement pas pouvoir s’accrocher au terrain dans ces conditions, et ce d’autant plus qu’ils manquent de soutien : les 7e et 9e batteries du 4e RAC, qui s’étaient positionnées sur les pentes Sud-est de la Cote 375 en sont parties et ont pris la direction de Vieux-Thann. Il est environ 16 heures quand les hommes du 1er bataillon viennent se replier sur 375, avant de rétrograder, comme le note le 2e classe Laurent FÉNIX :

« Maintenant, ce sont les balles qui sifflent aux oreilles, qui tapent, qui cassent même des piquets de vigne, on commence à emporter des blessés. Un lieutenant de la 1ère compagnie a la cuisse brisée. On a beau être courageux, ça vous donne tout de même la fièvre au premier feu, aussi on mourait de soif et on buvait dans de mauvaises rigoles. […] On n’avait point de canons et on n’avait qu’une mitrailleuse dans notre bataillon. Les Boches en avaient plus de dix qui nous tiraient dessus et peut-être une vingtaine de canons. On a été obligés de se replier à quelque cent mètres, on s’est retranchés dans un grand champ de betteraves, on a creusé de petites tranchées et on les tenait à la tombée de la nuit. »

Léon BONY a également relaté ce repli, mais aussi les pertes subies et l’abandon sur le terrain, des morts et des blessés :

« Arrivé sur la lisière d’un champ de betteraves pour tout abri, le lieutenant DE LONGBOIS nous fit arrêter, et là nous commencions à creuser des abris individuels. Tout à coup, le lieutenant s’écrie « ils sont là ». D’une voix tremblante de rage, nous criâmes en cœur « ils sont là-bas ». Ah, les salauds. Alors il se produisit quelque chose d’extraordinaire. Ce n’est pas un conte, et pourtant il faudra la plume d’un d’Esparbès pour décrire le spectacle épique auquel nous assistâmes. Mais nous nous faisions gloire d’avoir, le 133ème seul, résisté contre une division boche depuis 10 heures du matin jusqu’à 4 heures. A ce moment-là, les pertes que nous avions subites [sic], nous obligèrent à battre en retraite contre nos bourreaux trop en force, mais quel spectacle à voir cet affreux tableau pendant notre retraite, nos plus chers camarades étaient tués, blessés, gisaient l’un ici l’autre plus loin, et nous ne pouvions rien pour les secourir, car les Boches nous talonnaient par derrière. » 

La zone des combats, vue de l’Observatoire R 40 du Rangenkopf (SHD, 19 N 1192).

L’étau autour de Cernay

Pendant ce temps, sur le flanc droit du 1er bataillon, les événements prennent une nouvelle tournure. L’étau se resserre sur Cernay, menacée à présent par le Nord et l’Est : la 2e compagnie de l’Infanterie-Regiment 126, engagée jusque-là au Sud d’Uffholtz et en direction du vignoble, est lancée sur Cernay, dont elle atteint les lisières vers 17 heures ; elle y fait 15 prisonniers valides du 133e RI. De son côté, l’Infanterie-Regiment 136, en provenance de Wittelsheim, lance son IIIe bataillon et sa 8e compagnie au Nord de la route Cernay – Wittelsheim, sa 5e compagnie au Sud de la route avant qu’elle ne bifurque vers le centre de la ville, et la 7e compagnie vers la station de Cernay. Ces attaques concentriques ont eu pour effet de mettre en péril les compagnies du 3e bataillon du 133e RI positionnées en ville et à ses abords : la 11e compagnie, du capitaine LAROCHE, à la station du chemin de fer de Cernay, appuyée par la 12e compagnie (du lieutenant BONNEFOY) à la Fabrique Schwartz, et les 9e et 10e compagnies des capitaines CLAUDE et GERMAIN. Seule la 9e compagnie se maintient à Cernay, pendant que les 10e, 11e et 12e partent vers l’Ouest, où elles sont couvertes par les 2e, 3e et 6e compagnies, elles aussi menacées cependant.    

Aux environs de 18 heures, le Ier bataillon de l’Infanterie-Regiment 126, qui en a reçu l’ordre vers 16 heures – et dont la 2e compagnie, renforcée par la 1re, a attaqué en direction des fabriques le long du canal industriel – entre à Cernay. La 9e compagnie de l’Infanterie-Regiment 132, à sa suite, atteint la station de Cernay. La 11e compagnie de ce même régiment se joint également au mouvement.    

Le repli du 133e RI

Vers 18 heures 30 a lieu un nouveau développement dans la bataille, quand le Ier bataillon de l’Infanterie-Regiment 132 débouche au Sud de l’Amselkopf et menace la Cote 425, qui n’a pu être prise par la 9e compagnie de l’Infanterie-Regiment 126. Des combats vont s’y dérouler jusqu’à la tombée de la nuit. Devant le risque d’un encerclement qui semble paraître inéluctable, les derniers éléments du 133e RI se retirent et prennent la direction de Vieux-Thann. C’est la fin de la bataille de Cernay… ou presque, comme le détaille l’historique du régiment :

« A 22 heures 30, alerte ! Laissant au Vieux-Thann le 1er bataillon, le régiment fut dirigé à nouveau sur Cernay pour appuyer le mouvement du 15e chasseurs en vue d’une offensive projetée pour le lendemain. Sur la foi des renseignements donnés, il comptait trouver le village occupé par les chasseurs, alors qu’en réalité ces derniers n’avaient pu s’y maintenir. Il s’avança donc sur la route en colonne par quatre, quand, vers l’auberge de la Croisière [au Sud de Cernay], il se heurta aux Allemands qui débouchaient de Cernay. De part et d’autre, dans l’obscurité, la surprise fut grande. Engageant la fusillade, nos soldats se déployèrent en toute hâte dans les champs. Affolés, les Boches mirent le feu aux premières maisons pour « s’éclairer ». On entendait les clairons ennemis sonner l’alerte, les canons rouler sur les pavés de la ville. Mais notre avance n’avait pour but que d’appuyer les chasseurs et devenait inutile, puisque leur mouvement n’avait pas réussi. Ordre fut donc donné de se replier en direction d’Aspach-le-Bas. »

La fin de la bataille de Cernay

Le pire, s’il pouvait encore y avoir pire que ce qui avait déjà eu lieu en ce funeste dimanche, avait été évité de peu en lançant des hommes à l’aveuglette. A 13 heures 30, le 15e BCP, alors à Reiningue, avait été alerté afin de prêter main forte aux défenseurs de Cernay. Mis en route à 17 heures 15, le bataillon, appuyé par une batterie du 4e RAC, apprend du lieutenant NOBLET, envoyé en reconnaissance vers Cernay, que les Allemands l’occupent. L’artillerie ne pouvant jouer un rôle décisif dans l’opération, le chef de bataillon DUCHET, commandant le 15e BCP, ordonne l’attaque de Cernay. Les 3e et 6e compagnies s’ébranlent et entament un bref combat de rues, au terme duquel elles pénètrent dans la ville vers 20 heures 30 avec la section de mitrailleuses. La pression est cependant trop forte pour les assaillants qui, risquant d’être pris dans la nasse, se retirent avant 22 heures, après avoir pourtant bien résisté. Le bataillon a perdu 10 tués, dont le capitaine BLANCQ, et un blessé mortellement atteint. La 8e compagnie de l’Infanterie-Regiment 132, qui se trouvait au Sud de Cernay, y a essuyé des tirs, mais a néanmoins fait une vingtaine de prisonniers. La bataille de Cernay, stricto sensu, est maintenant terminée.

Bilan des combats du 9 août 1914

Blessés et pertes

L’heure est, entre autres, au bilan de la journée. Comme le relate le lieutenant Henry MARTIN :

« à la nuit tombante, mon agent de liaison auprès du capitaine AUDÉ vint m’apporter l’ordre de rejoindre la compagnie à l’entrée nord de Vieux-Thann. Là, le capitaine nous fit organiser défensivement la lisière ; notre 1er bataillon devait la tenir pendant que les deux autres se regroupaient en arrière. De nombreux blessés rejoignaient par la route de Cernay à Vieux-Thann, certains transportés sur des brancards ou des charrettes par les Alsaciens secouristes volontaires (dont mon actuel ami Schick alors âgé de moins de 18 ans). »

L’historique régimentaire, en outre, précise que :

« des éléments avancés et le service médical du 1er bataillon avaient été faits prisonniers. Toute la nuit, sous les ordres du docteur EPAULARD, qui bien que blessé n’avait pas voulu abandonner ses fonctions, les brancardiers circulèrent sur le champ de bataille et ramenèrent les blessés à Vieux-Thann. Quelques civils en transportèrent également un grand nombre […]. »

Si nombreux sont ceux qui ont été mis hors de combat ou manquent à l’appel, le sort de certains sera clarifié lors du retour du 133e RI une semaine plus tard, comme nous l’apprenons à la lecture de l’historique, là encore :

« Le docteur EPAULARD, qui s’était rendu à Thann et au Vieux-Thann, y retrouva des blessés du 133e restés depuis le 9. D’ailleurs, dans l’intervalle, certains avaient pu s’enfuir grâce à la complicité des habitants chez lesquels ils étaient logés. Le 18, […] le soir, une partie du régiment alla cantonner à Cernay. Une action importante semblait se préparer, car la ville était encombrée de troupes, d’artillerie et de convois. Les habitants qui reconnaissaient nos soldats les accueillirent avec joie, en leur demandant des nouvelles des combats du 9. D’après eux, les Allemands avaient subi ce jour-là des pertes telles que, si notre résistance avait pu se prolonger jusqu’à la nuit, ils auraient dû battre en retraite. De même qu’à Thann, on retrouva quelques blessés ; on recueillit également des indications sur les officiers et soldats tués et enterrés à Cernay, Steinbach et Uffholz, entre autres sur les lieutenants MAY et GOUJON. Dans les différents hôpitaux de la ville, on put relever les traces des blessés du régiment que les Allemands avaient eu le temps d’évacuer. D’après ces renseignements, on peut admettre, pour les combats des 9 et 10 août, un chiffre de 80 tués, 250 blessés et 170 prisonniers ou disparus, ce qui était relativement peu en regard des pertes de la division allemande : celles-ci, d’après les documents consultés, paraissent en effet avoir été quatre fois supérieures aux nôtres. »

Les lieutenants MAY (à gauche) et GOUJON (à droite) (Tableau d’Honneur de l’Illustration)

Les pertes à partir des sources disponibles

Au-delà de cette formulation – « on peut admettre » – voyons ce que révèlent sur les pertes les diverses sources que sont les JMO, les données des sites MémorialGenWeb et Mémoire des Hommes, les listes et fichiers de la Croix-Rouge, le registre primitif de la Nécropole Nationale de Cernay.

Le JMO du 133e RI ne fait pas état des pertes subies par le régiment le 9 août 1914. Le JMO de la 2e compagnie (du 1er bataillon) mentionne « 45 hommes hors de combat de 12 heures à 18 heures. »

Celui de la 82e brigade indique :

« Dans l’action de la matinée, à Cernay – Uffholtz, le 133e a subi des pertes importantes : 15 officiers et 500 hommes tués, blessés ou disparus. Dans le combat de nuit au Sud de Cernay, pertes légères. »

Ce bilan de 500 hommes perdus (officiers exclus) correspond bien, effectivement, à celui du JMO de la 82e brigade. Au final, ces 515 pertes (« 15 officiers et 500 hommes ») valent pour 22,67% de l’effectif (2.271 partants en début de campagne : 43 officiers, 97 sous-officiers, 2.131 caporaux et soldats) mis hors de combat.

Le rédacteur de l’historique régimentaire semble avoir balancé, d’un paragraphe au suivant, entre des conclusions différentes, écrivant d’abord « Les pertes, sans être très élevées, étaient sensibles », puis « Nos pertes avaient été faibles », avant d’en finir par « …ce qui était relativement peu en regard des pertes de la division allemande », trouvant ainsi un moyen plutôt commode de les ramener à une relativité de circonstance. Rendons-lui justice à la consultation de ce qui figure dans l’Aide-mémoire de l’officier d’état-major en campagne en 1913, sous l’intitulé « pertes à prévoir », « au feu » pour un régiment isolé : 40 à 50% ; la répartition de ces pertes tablait sur 15% de tués et 85% de blessés. L’épineuse problématique des disparus, parmi lesquels allaient se trouver les prisonniers, ne se posait pas encore…  

Pour ce qui relève des prisonniers et disparus, un événement relativement méconnu nous permet d’en établir un chiffrage partiel. Dans le numéro 1/2014 de la Revue du Nord, Marc Schrevel écrivait dans son article « Être prisonnier de guerre français en Allemagne de 1914 à 1918 : une étude de cas, Joseph Miquel » :

« La question du rapatriement des prisonniers valides et de longue durée a été soulevée par le CICR dès 1914, relayée par des mouvements caritatifs laïcs ou religieux, par les familles de détenus progressivement regroupées en associations qui tiennent congrès, et par l’action diplomatique du Vatican (Benoît XV) et d’États neutres (Suisse, Pays-Bas, Danemark, Suède, Norvège). […] Le CICR lance le 26 avril 1917 un « appel en faveur du rapatriement des prisonniers de guerre ». Les négociations en Suisse vont durer un an : ce n’est que le 16 mars 1918 qu’un accord franco-allemand est signé à Berne concernant à la fois les prisonniers civils et militaires. Mais cet accord en trois points s’est opéré a minima : en commençant par l’ancienneté de capture, donc août 1914, les prisonniers âgés de quarante à quarante-cinq ans pères de trois enfants et plus, ou s’ils ont quarante-cinq ans sans condition de paternité s’ils ont été détenus plus de dix-huit mois, sont échangés tête contre tête. Au total, seulement 219 000 captifs de toutes nationalités ont été échangés avant le 11 novembre 1918. »

Au sein du 133e RI, ce sont 172 hommes, faits prisonniers le 9 ou le 10 août 1914, qui figurent sur les listes des « Valides français rapatriés » de l’automne 1918, les 24 septembre, 15, 21, 24 et 31 octobre. Voilà qui permet de s’assurer que les « 170 prisonniers ou disparus » auxquels l’historique fait allusion sont un total minoré, puisque ces 172 hommes sont tous des prisonniers valides : à ceux-ci se sont ajoutés ceux qui ont été capturés blessés, mais aussi les nombreux valides qui n’ont pas regagné la France avant la fin 1918 ou le début 1919.     

En ce qui concerne les tués, leur chiffrage est permis par le croisement des listes de MémorialGenWeb et Mémoire des Hommes. Le premier de ces deux sites fournit 99 noms de tués du 133e RI le 9 août 1914. Le second en donne 92 en effectuant une recherche avec les paramètres « Unité : 133e régiment d’infanterie » et « Date de décès : 09.08.1914 ». D’autres décès ont été enregistrés à la date des « 7-8 août 1914 », du « 8 août 1914 », du « 10 août 1914 », voire « antérieurement au 18 décembre 1914 ». Cependant, la consultation de nombreux actes de décès ou de leur transcription, des archives de la Croix-Rouge et du registre primitif de la Nécropole Nationale de Cernay, permet d’y ajouter plusieurs noms et d’obtenir un nombre total de morts de 127, nombre constitué des tués de ce jour et de morts de leurs blessures de manière avérée. Parmi ces derniers figurait par exemple le lieutenant Barthélémy Joannès GLÉNAT (nous en reparlerons), mort à Strasbourg en 1915.

En fin de compte, il s’avère que l’on est très loin des 15% de tués envisagés par les textes de 1913. Second constat : ce nombre excède assez nettement celui avancé dans l’historique régimentaire, à savoir 80 tués.

Les morts présents à Cernay

Une découverte non dénuée d’intérêt est permise par le contenu du registre primitif de la Nécropole Nationale de Cernay. Car si le corps du lieutenant BONNEFOY, originellement inhumé à Vieux-Thann, a ultérieurement été transféré à la Nécropole Nationale de Colmar, nombreux sont les autres morts du 133e RI qui reposent encore à Cernay, en tombe individuelle ou dans l’un ou l’autre des deux ossuaires. Si le lieu de première inhumation est inconnu pour ces derniers, l’affectation de 11 d’entre eux nous est néanmoins accessible grâce aux fiches de la Croix-Rouge. Quant à 29 autres morts, en tombe individuelle, leur lieu de première inhumation nous est connu, voire pour une légère majorité d’entre eux leur affectation à une compagnie, ce qui nous offre un aperçu, si partiel soit-il, des secteurs du champ de bataille les plus mortifères. Ces 40 morts (29 + 11) sont les suivants :

  • Tombe 31 : LANSARD Albert Alfred, 7e compagnie ; transféré d’Uffholtz le 12 novembre 1920
  • Tombe 47 : MOTTARD François Marie ; transféré d’Uffholtz le 18 août 1926
  • Tombe 118 : MANIGAND Pierre ; transféré d’Uffholtz le 29 novembre 1920
  • Tombe 119 : MOLLIEX Jean Baptiste, 6e compagnie ; transféré d’Uffholtz le 29 novembre 1920
  • Tombe 120 : GONNET Jean Marie, 6e compagnie ; transféré d’Uffholtz le 29 novembre 1920
  • Tombe 123 : PICCARD Marie Constantin, 6e compagnie ; transféré d’Uffholtz le 29 novembre 1920
  • Tombe 124 : GRILLAT Jean Antoine, 6e compagnie ; transféré d’Uffholtz le 29 novembre 1920
  • Tombe 132 : MOLETTE Pierre ; transféré d’Uffholtz le 30 novembre 1920
  • Tombe 134 : ALBERT Victor Léopold, 7e compagnie ; transféré d’Uffholtz le 30 novembre 1920
  • Tombe 157 : DELLINGER Arnaud, 8e compagnie ; transféré de Cernay le 21 janvier 1921
  • Tombe 159 : PERONNON Alfred Victor ; transféré de Cernay le 26 janvier 1921
  • Tombe 256 : BAILLY Louis Abel, 7e compagnie ; transféré d’Uffholtz le 1er décembre 1920
  • Tombe 259 : REVET Joseph Camille ; transféré d’Uffholtz le 30 novembre 1920
  • Tombe 291 : FERROUX Joseph ; transféré d’Uffholtz le 2 décembre 1920
  • Tombe 292 : VALETTE Marie Victor ; transféré d’Uffholtz le 2 décembre 1920
  • Tombe 293 : GENOUD Marius André ; transféré d’Uffholtz le 2 décembre 1920
  • Tombe 297 : CRANSAC Jean Sylvain ; transféré d’Uffholtz le 2 décembre 1920
  • Tombe 298 : COUCHY Arthur Ambroise ; transféré d’Uffholtz le 2 décembre 1920
  • Tombe 299 : VERNAY Joanny Philibert, 7e compagnie ; transféré d’Uffholtz le 2 décembre 1920
  • Tombe 312 : VERNATON Pierre, 1re compagnie ; transféré d’Uffholtz le 3 décembre 1920
  • Tombe 318 : GIRERD Marie Louis ; transféré d’Uffholtz le 3 décembre 1920
  • Tombe 320 : GLAISAT Joseph Ambroise ; transféré d’Uffholtz le 3 décembre 1920
  • Tombe 327 : GIRARDIN Pierre ; transféré d’Uffholtz le 4 décembre 1920
  • Tombe 384 : BROSSE Marius, 5e compagnie ; transféré d’Uffholtz le 24 décembre 1920
  • Tombe 404 : VIOLLET Jean Marie Louis, 7e compagnie ; transféré de Cernay le 24 janvier 1921
  • Tombe 416 : GILIBERT Pétrus Gabriel, 10e compagnie ; transféré de Cernay le 25 janvier 1921
  • Tombe 417 : PONCIN Georges Louis, 5e compagnie ; transféré de Cernay le 25 janvier 1921
  • Tombe 823 : ROSSET Rémy Ferdinand, 2e compagnie ; transféré de Steinbach le 19 mai 1921
  • Tombe 844 : MOUTTÉ Jacques Dominique, 7e compagnie ; transféré d’Uffholtz le 30 novembre 1920
  • Ossuaire n°1 : BARBERET Henri Emile, 6e compagnie           
  • Ossuaire n°1 : BAUBIL Lucien, 10e compagnie          
  • Ossuaire n°1 : CHAVE Paul, 10e compagnie  
  • Ossuaire n°1 : JACQUET Claude Joseph, 10e compagnie
  • Ossuaire n°1 : JAMBON Jean, 10e compagnie           
  • Ossuaire n°1 : MEUNIER François Marius, 6e compagnie     
  • Ossuaire n°2 : BEDON Alphonse Joseph, 5e compagnie
  • Ossuaire n°2 : BOUCHET Louis François, 6e compagnie
  • Ossuaire n°2 : GAY Joannès, 1re compagnie
  • Ossuaire n°2 : MURTIN Alexis, 10e compagnie                        
  • Ossuaire n°2 : RAVINET Albert, 6e compagnie                         

Deux cas sortant de l’ordinaire

Deux cas sortant de l’ordinaire apparaissent avec François Marie MOTTARD et Jean Baptiste ROGNARD. Le premier de ces deux hommes a été inhumé à Cernay bien plus tard que ses camarades, à savoir le 18 août 1926. Le 16 septembre 1922, dans le « Tableau par Secteur d’Etat Civil des objets recueillis sur les corps de militaires qui n’ont pu être identifiés jusqu’à ce jour et qui reposent dans des tombes individuelles exactement repérées » publié dans le Journal des Mutilés, Réformés et Blessés de guerre, figurait sous l’intitulé « Uffholtz, cimetière communal », le descriptif suivant : « Lettre adressée « Mme Mottar Céline à M…x…ne par Saint-Julien Maurienne (Savoie) » par militaire 133e Inf. » Tout porte à croire que la dépouille sur laquelle cette lettre avait été retrouvée était celle du soldat MOTTARD, originaire d’Albanne, dans le canton de Saint-Jean-de-Maurienne, dont la mère se prénommait Marie Céline. Quant à Jean Baptiste ROGNARD, le contenu de la transcription de son acte de décès, en date du 11 avril 1919, est peu commun et fourmille de détails :

« Le tribunal civil de première instance séant à Trévoux (Ain) a rendu le jugement suivant  au pied d’une requête ainsi conçue. Audience du douze mars mil neuf cent dix-neuf. A Messieurs les Président et Juges composant la chambre du conseil du tribunal civil séant à Trévoux. Le Procureur de la République près le même tribunal. Attendu que le nommé Rognard Jean Baptiste, soldat au cent trente troisième régiment d’infanterie a disparu le neuf août mil neuf cent quatorze au combat de Cernay (Alsace) ainsi qu’il résulte d’un acte de disparition dressé le treize du même mois, que son nom figure sur une liste émanant des autorités allemandes et transmise par le Ministère des Affaires Etrangères parmi ceux de soldats français tués le neuf août mil neuf cent quatorze près d’Uffholz (Alsace), que sa plaque d’identité, d’après laquelle il a été identifié, a été remise à sa famille. Attendu que depuis lors aucune nouvelle de l’intéressé n’est parvenue à sa famille. Attendu que dans ces conditions la réalité de son décès ne saurait être mise en doute, que d’autre part il y a lieu de le déclarer « Mort pour la France » par application de la loi du deux juillet mil neuf cent quinze, etc. »

Gageons que bien des familles auraient souhaité pouvoir faire leur deuil après une attente nimbée d’incertitude, en recevant la plaque d’identité de l’être aimé, ce qui aurait levé les doutes sur son sort.

En sus du fait que la découverte de sa plaque d’identité a permis l’identification formelle de François Marie MOTTARD, un autre élément est ici majeur : la notice parue dans le tableau du 16 septembre 1922 confirme ce qui figure sur une série de fiches matricules, à savoir que des tués d’Uffholtz et des environs ont été inhumés dans le cimetière communal d’Uffholtz. Tel a ainsi été le cas de Séraphin Félix BEULAGUET, Marcel Jean DEJOUR, Jean JACQUEMOND, Marcel MERLE, Jean Marius MESSIER, Jean Marie MILLET, Joseph Camille REVET, Louis François RIVET, Jean Baptiste ROGNARD.

Le cimetière militaire de Cernay, dans les années 1920 (coll. part.)

Mais revenons-en aux apports fournis par les renseignements concernant les 40 morts précités. Ils nous montrent que 23 hommes sur 29 à présent en tombe individuelle venaient d’Uffholtz. En outre, en se penchant sur les morts dont les affectations aux compagnies nous sont connues (au nombre de 16), 13 servaient au 2e bataillon (2 à la 5e compagnie, 4 à la 6e compagnie, 6 à la 7e compagnie, 1 à la 8e compagnie), initialement engagé à Uffholtz. En ajoutant à ces 16 hommes les 11 reposant en ossuaire, les conclusions sont les suivantes :

  • 3 morts au 1er bataillon (2 à la 1re compagnie, 1 à la 2e compagnie)
  • 8 morts au 2e bataillon (3 à la 5e compagnie, 8 à la 6e compagnie, 6 à la 7e compagnie, 1 à la 8e compagnie) 
  • 6 morts au 3e bataillon (tous à la 10e compagnie)

Comme nous l’avons déjà constaté dans un premier chiffrage, qui ne fait ici qu’être amplifié, la part des morts du bataillon initialement engagé à Uffholtz est largement majoritaire. 

Le cas des prisonniers

Quid, ensuite, de ces « 170 prisonniers ou disparus » auquel l’historique fait allusion ? Les listes et fiches de la Croix-Rouge, si elles ne peuvent permettre d’obtenir un résultat exhaustif en raison des doublons de patronymes orthographiés différemment ou agrémentés de prénoms parfois inexacts, ainsi que des erreurs et des lacunes qu’un tel volume de prisonniers, faits de manière si concomitante en début de guerre, ne pouvait qu’engendrer, n’en fournissent pas moins de précieuses informations. A l’issue du dépouillement de ces sources, ce sont 180 prisonniers qui sont recensés. Sur ce total, l’affectation des hommes de cet effectif à l’une des compagnies du 133e RI est connu pour 137 d’entre eux, ce qui est on ne peut plus insatisfaisant pour en tirer des conclusions réellement parlantes, puisque près de 24% du lot ne peuvent être pris en compte. A titre d’information, les résultats portant sur ces 137 prisonniers sont les suivants : 40, soit 29,2% du panel connu, appartenaient au 1er bataillon ; 55 (40,2% du panel) étaient au 2e bataillon ; 40 (29,2% du panel) étaient au 3e bataillon ; 1 était membre du service de santé du régiment (0,7% du panel) ; 1 était mitrailleur (0,7% du panel).

Une conclusion d’étape, toutes précautions prises, nous permet de constater la forte représentation de prisonniers au sein des 4 compagnies du 2e bataillon, une fois encore, avec 15 prisonniers avérés à la 6e compagnie, et 24 prisonniers avérés à la 7e. Les compagnies les plus rudement frappées ensuite ont été la 1re (du 1er bataillon), avec 20 prisonniers avérés, et la 10e (du 3e bataillon), avec 19 prisonniers avérés, respectivement engagées vers la Cote 425 et face à Steinbach, et dans Cernay.   

Le cas des officiers

Deux cas particuliers se font jour ici, sur lesquels il peut être intéressant de se pencher : les pertes en officiers, et celles des brancardiers et infirmiers.

En considérant l’encadrement du régiment en date du 6 août, le 1er bataillon perd le 9 août, 14,28% de ses commandants de compagnie et un médecin aide-major (sur le cas duquel nous reviendrons) ; le 2e bataillon perd 25% de ses commandants de compagnie ; le 3e bataillon en perd 40%. Au total, le 133e RI perd ce jour 26,6% de ses commandants de compagnie.

Dans le détail :

Le 1er bataillon est privé des cadres suivants :

  • Le lieutenant Marie Gabriel BRIAULT, capturé blessé (par coup de feu à la cuisse droite) ; il quitte l’Allemagne en février 1916 pour être hospitalisé en Suisse, avant d’être rapatrié en France en juillet 1917.
  • Le lieutenant Henri Marie Gabriel FERET DU LONGBOIS, capturé blessé (d’une balle au talon gauche et par shrapnel au mollet droit) ; il est rapatrié en France en mai 1918 après avoir séjourné en Suisse.

Le 2e bataillon perd :

  • Le capitaine Jean Marie CARRY, capturé blessé (par coup de feu à la cuisse gauche) ; il reste prisonnier durant toute la guerre.
  • Le capitaine Jules Antoine DESTRONCHEZ, blessé (par coup de feu à l’épaule gauche, et atteint de commotion cérébrale avec troubles de l’audition).
  • Le sous-lieutenant Henri Auguste GOUJON, tué.
  • Le lieutenant Paul Félix Joseph MAY, tué.

Le 3e bataillon déplore la perte des cadres suivants :

  • Le lieutenant Henri Edmond BONNEFOY, tué.
  • Le sous-lieutenant Narcisse Firmin Léon Henri BOURON, capturé blessé (par shrapnel à la tête) ; il reste prisonnier durant toute la guerre.
  • Le lieutenant Louis Joseph GAFFRON, capturé blessé. Rapatrié en janvier 1919, il avait été traité dans une clinique psychiatrique durant sa captivité, au motif, dixit la Croix-Rouge : « Le prisonnier refuse d’être interné, croyant que c’est un piège que lui tende [sic] les Français pour le rapatrier en France et le punir de ce qu’étant en captivité, il est pris pour un lâche. Maladie mentale. »  
  • Le lieutenant Barthélémy Joannès GLÉNAT, capturé blessé ; un registre de la Croix-Rouge indiquait qu’il était hospitalisé au Festungslazaret VIII de Strasbourg, le 15 septembre 1914, légèrement blessé. Il y est mort le 14 février 1915.
  • Le sous-lieutenant Louis Marie Christian JARRY, capturé blessé ; évadé d’Allemagne.  
  • Le sous-lieutenant Hector Jean Joseph JOURDA DE CHABANOLLE, capturé blessé (par coup de feu au genou droit) ; il reste prisonnier durant toute la guerre.

Les citations de ces officiers sont édifiantes et en disent long sur la manière dont ils ont pris part au baptême du feu du 133e RI :

Henri Edmond BONNEFOY :

« Officier remarquable de sang-froid, est tombé mortellement atteint à la tête de sa compagnie ».

(citation à l’ordre de l’armée).
Narcisse Firmin Léon Henri BOURON :

« Brave officier, a été blessé le 9.8.14 près de Thann en s’élançant à la nuit à la tête de ses hommes. »

(citation à l’ordre du régiment).
Marie Gabriel BRIAULT :

« Officier d’un rare courage. Blessé une première fois, a refusé de se laisser évacuer et a conservé le commandement de sa fraction jusqu’à épuisement de ses forces. A été blessé une seconde fois pendant qu’on le transportait. »

(citation à l’ordre de l’armée).
Jean Marie CARRY :

« S’est distingué particulièrement aux combats de Wesserling (7 août) et Cernay (9 août), où il a maintenu l’ennemi en respect pendant 4 heures consécutives. Grièvement blessé, n’a pu être évacué. »

(citation à l’ordre de la division).
Henri Marie Gabriel FERET DU LONGBOIS :

« Officier de réserve d’une haute valeur morale, blessé aux deux jambes dès le 9 août 1914, a eu à la tête de sa section et au feu une attitude superbe. »

(citation à l’ordre du régiment).
Henri Auguste GOUJON :

« A été glorieusement frappé dans une charge à la baïonnette contre un ennemi entreprenant et supérieur en nombre. »

(citation à l’ordre de l’armée).
Louis Marie Christian JARRY :

« Blessé et capturé le 9 août 1914 au combat de Cernay, n’a cessé pendant 42 mois de préparer son évasion. Patiemment inlassable, avec une ingéniosité inouïe, dans un effort sans trêve soutenu par une volonté de fer, qu’une âme vivement française a porté à un degré d’héroïsme digne des temps antiques, a su triompher de tous les obstacles et, au péril sans cesse renouvelé de sa vie, trompant une surveillance étroite, s’est échappé du camp où il était tenu captif, a franchi le cordon serré des sentinelles, puis courant 30 heures le territoire ennemi, a gagné un pays neutre après des dangers sans nombre et des efforts surhumains. Rentré en terre française en mars 1918. »

(citation à l’ordre du corps d’armée).  
Hector Jean Joseph JOURDA DE CHABANOLLE :

« Excellent officier, a toujours montré le plus bel exemple de courage et d’abnégation dans les circonstances les plus périlleuses. »

(citation à l’ordre du régiment).  
Paul Félix Joseph MAY :

« A été glorieusement frappé à la tête de sa section après avoir tenu tête énergiquement pendant plus de 4 heures à un ennemi très supérieur en nombre. »

(citation à l’ordre de l’armée).

Le lieutenant BONNEFOY (à gauche) et le sous-lieutenant JARRY (à droite) (Musée de Saint-Cyr)

Le cas des brancardiers et infirmiers

Outre l’encadrement du régiment, et ses pertes non négligeables, une seconde composante a également souffert. A la lecture du JMO du service de santé de la 41e DI, il apparaît que

« des renseignements donnés par le médecin-major de 1re classe EPAULARD, chef de service au 133e d’infanterie, il résulte que pendant le combat disparurent M. LELANDAIS, médecin aide-major de 1re classe actif, M. PARAMELLE, médecin auxiliaire ; 1 brancardier aurait été fusillé par l’ennemi (fait certifié par les habitants), 8 brancardiers restés avec les blessés auraient été emmenés par l’ennemi. D’autre part, une colonne du 133e dirigée dans la direction de Thann emmène avec elle deux voitures médicales du 133e et le personnel médical, infirmiers et brancardiers. »   

Dans les faits, et au filtrage des fiches et listes de la Croix-Rouge, il s’avère que ces pertes ont été plus importantes qu’annoncées dans ce JMO. Au final, ce sont tous les personnels dont les noms suivent qui ont été mis hors de combat le 9 août 1914 :

  • Marcel BOUVIER (cultivateur), brancardier, 9e compagnie, capturé ; rapatrié le 22 juillet 1915.
  • Prosper BOUVIER (étudiant en médecine), médecin auxiliaire (au 11 août 1915), 12e compagnie, capturé ; rapatrié le 20 juillet 1915.
  • Pierre CATHELIN (cultivateur), infirmier, 11e compagnie, capturé ; rapatrié le 20 juillet 1915.
  • Pierre Louis Prosper CONVERT (cultivateur), caporal brancardier, 1re compagnie ; rapatrié le 20 juillet 1915. 
  • Louis DELEMPS (ouvrier en soie), brancardier, 9e compagnie, capturé ; rapatrié le 20 juillet 1915.
  • Claude Joseph DOYE (acheteur en soieries), brancardier, 1re compagnie, capturé ; rapatrié le 20 juillet 1915.
  • Robert DE GAUVAIN (étudiant en médecine), médecin auxiliaire (au 31 août 1915), 7e compagnie, capturé ; rapatrié le 20 juillet 1915.
  • Alexis EPAULARD, médecin-chef du 133e RI, blessé (plaie en séton des parties molles du coude droit) ; a repris son service le lendemain.
  • Joseph JACQUET (cultivateur), sergent, 6e compagnie, capturé blessé (fracture de la cuisse gauche par balle) ; rapatrié le 14 juillet 1915.
  • Paul LACOMBE, capturé ; rapatrié le 19 juillet 1915.
  • Victor Gustave LE LANDAIS, médecin aide-major de 1re classe, 1er bataillon, capturé ; rapatrié le 18 juillet 1915.
  • Marie Alphonse Marcel LITRAS (meunier), infirmier, 2e compagnie, capturé ; rapatrié le 17 juillet 1915.
  • Albert Joseph MILLET (directeur d’usine), brancardier, 9e compagnie, capturé ; rapatrié le 20 juillet 1915.
  • Jean Baptiste Marcel PARAMELLE (étudiant en médecine), médecin auxiliaire, 3e compagnie, capturé ; rapatrié le 16 juillet 1915.
  • Lucien Jules PELLIER (caissier de banque), caporal infirmier, 4e compagnie, capturé ; rapatrié le 20 juillet 1915.
  • Frédéric Marius PRANDINI (chaudronnier), brancardier, capturé ; rapatrié le 22 juillet 1915.
  • Gratien RENAUD, capturé ; rapatrié le 13 juillet 1915.
  • Alfred Marius RIOUSSET (teinturier en peaux), 4e compagnie, capturé ; rapatrié le 20 juillet 1915.
  • Eugène Marius Hyacinthe SAINT-PIERRE (papetier), brancardier, 1re compagnie, capturé ; rapatrié le 22 juillet 1915.
  • Claude Marie TARDY (préparateur en pharmacie), infirmier, 7e compagnie, capturé ; rapatrié le 20 juillet 1915.
  • Joseph Claude VIVIER (menuisier en voitures et bâtiments), brancardier, capturé ; rapatrié le 22 juillet 1915.
  • Hector Ferdinand VUAILLAT (ouvrier en peignes), brancardier, 9e compagnie, capturé ; rapatrié le 20 juillet 1915.

Ces pertes des éléments sanitaires nous donnent un tableau différent de celui que nous ont donné les tués, les prisonniers et les pertes en officiers. En s’appuyant sur 18 pertes (sur 22) dont l’affectation est connue, c’est cette fois le 1er bataillon – engagé sur la Cote 425 et face à Steinbach – qui a le plus souffert (avec 36,3% des pertes), devant le 3e bataillon (27,2% des pertes) et le 2e bataillon (13,6% des pertes).

Quelques conclusions

Une fois posé ce bilan, que conclure de manière purement factuelle si nous le comparons au contenu de l’historique régimentaire ?

Un courage au feu

« Ainsi prenait fin ce combat de Cernay où le 133e qui venait de recevoir le baptême du feu, avait manifesté les plus belles qualités combatives. »

Il est évident que le régiment n’a pas démérité, loin s’en faut, en faisant face à plusieurs bataillons de l’Infanterie-Regiment 132, de l’Infanterie-Regiment 136, de l’Infanterie-Regiment 126, disciplinés, manœuvriers, et bien appuyés par des feux de mitrailleuses et d’artillerie.  

Le dénuement de l’artillerie

« Sans soutien d’artillerie, attaqué par un ennemi quatre fois supérieur en nombre, le régiment avait tenu toute la journée sur ses positions. »

Le dénuement de ces hommes devant l’absence d’un soutien d’artillerie est patent. Le JMO du 133e RI indique aux environs de 15 heures, le 9 août :

« Ce repli [d’une partie du 3e bataillon] permet à l’artillerie ennemie de venir s’établir dans la plaine, derrière un rideau d’arbres situé à l’Ouest de Cernay et de prendre d’écharpe les défenseurs de la hauteur. » Le JMO du 4e RAC, comme nous l’avons déjà vu, précise : « A 14 heures, Cernay est évacué, ce qui force le groupe à se replier sur la rive gauche de la Thur, derrière la voie ferrée. Il y reste jusqu’à 20 heures […] »

Le seul tué de la journée dans les rangs de ce régiment a été le trompette Louis Marie RONDOT, initialement porté disparu.

Dans la soirée, le soutien attendu du 4e RAC ferait également défaut à l’Est de Cernay, et obligerait le 15e BCP à s’y engager de manière on ne peut plus aventureuse. Sur l’ensemble des combats de la journée, peut-être n’aurait-elle pas fait la différence au regard de la configuration topographique sous le couvert de laquelle les attaques allemandes se sont déployées, d’Uffholtz en direction de la Cote 425 et Cernay, mais l’on ne saurait qu’émettre d’imprudentes hypothèses à ce sujet. Sur ce point, cela étant, tout concorde à conclure qu’en effet, le soutien d’artillerie n’a pas eu lieu, ou au moins très insuffisamment.  

Le rôle critique de la cote 425

« Il n’avait reculé qu’au moment où, débordé à sa gauche par les bois qui n’étaient pas tenus, à sa droite par la plaine et la forêt de Nonenbruck où il n’y avait que de faibles fractions de chasseurs à pied pour relier 133e et 23e, il s’était vu dans une position critique. »

Cette simple phrase – en apparence – est d’autant plus instructive qu’elle met en exergue, mais entre les lignes seulement, le rôle essentiel joué par la Cote 425 – ou plutôt, celui qu’elle aurait pu jouer. C’est effectivement cette position qui a été enveloppée par des éléments de l’Infanterie-Regiment 132 sur sa gauche, et abandonnée sur sa droite par le 3e bataillon quittant Cernay. 

La Cote 425, vue de la sortie Ouest de Cernay (« Au premier plan, le pont sur le canal de la Fabrique [Baudry] près de Sandozwiller » ; historique de l’Infanterie-Regiment 126)

Bataille de Cernay ou d’Uffholtz ?

Un fait, à double détente si l’on peut dire, s’impose à la lecture de ces faits : la bataille de Cernay est plutôt mal nommée, puisque c’est surtout à Uffholtz, d’abord, et à la Cote 425 et ses abords, ensuite, qu’elle s’est livrée. Il apparaît nettement, au regard des pertes subies, « par qui », et « où », que le 2e et le 1er bataillons ont grandement porté le fardeau de la bataille. Une fois Cernay évacuée, la Cote 425, qui aurait pu être une véritable position-clef, ne pouvait plus tenir indéfiniment. Tous les efforts consentis, toute la bravoure déployée pour conserver ces pentes ne pouvaient suffire après que le dispositif se voyait privé de la pierre angulaire sur laquelle il avait appuyé sa défense. Mais pendant plusieurs heures, livré à lui-même, le 133e RI avait livré un combat antique : le fusil avait peut-être remplacé le glaive, la lance ou l’arc, il ne s’en était pas moins déroulé face à face, d’homme à homme. Et au terme de ce 9 août 1914, amputé de plusieurs centaines des siens, il n’avait vraiment pas démérité.      

Aussi ceux qui ont payé de leur vie, ce jour-là ou au cours des jours, semaines ou mois suivants, la lutte pour Uffholtz, Steinbach, la Cote 425 et Cernay, en espérant que nul n’ait été oublié, méritent-ils bien d’être nommés :

  • ALBERT Victor Léopold Marie, 2e classe, 7e compagnie
  • AYMAIN Jean Marie, 2e classe
  • BAILLY Louis Alphonse Abel, caporal, 7e compagnie
  • BALLAND Jean Baptiste, 2e classe, 6e compagnie
  • BALOT Joseph Louis Aimé, 1re classe, 1re compagnie
  • BARBE Denis, 2e classe, 9e compagnie (blessé le 9, mort le 10 août au Lazaret Turnhalle de Cernay)
  • BARBERET Henri Marie Emile, 2e classe, 6e compagnie
  • BARDOT Paul, 2e classe, 10e compagnie
  • BAUBIL Lucien Germain Amans, 2e classe, 10e compagnie
  • BEDON Alphonse Joseph Gustave, 2e classe, 5e compagnie
  • BERTHET Louis, caporal
  • BEULAGUET Séraphin Félix, 2e classe
  • BLANC Marie Joseph Alexandre, 2e classe, 2e compagnie
  • BONNAND Alphonse Claude, 2e classe
  • BONNEFOY Henri Edmond, lieutenant, 12e compagnie
  • BOST Jean Marie, 2e classe, 8e compagnie
  • BOUCHET Louis François Eugène, 2e classe, 6e compagnie
  • BOUCHUT Jean Claude, 2e classe
  • BRETON Maurice Emile, 2e classe, 1re compagnie
  • BROSSE Marius, 2e classe, 5e compagnie
  • BUFFIN Jean Pierre, caporal, 5e compagnie
  • BURNICHON Désiré Claudius, 2e classe
  • CALVIAC Pierre Léon, 2e classe
  • CAMPERGUE Auguste Stanisle, 2e classe, 10e compagnie
  • CAUSSANEL Jules Louis, 2e classe, 5e compagnie
  • CHASSAGNE Emile, 2e classe, 1re compagnie
  • CHAUCHARD Louis Joseph, 2e classe
  • CHAVE Paul, 2e classe, 10e compagnie
  • COUCHY Arthur Ambroise, 2e classe
  • COUTIN Henri, caporal, 7e compagnie
  • CRANSAC Jean Sylvain Ernest, 2e classe
  • DANIEL Henri, 2e classe
  • DEJOUR Marcel Jean André, 2e classe, 1re compagnie
  • DELLINGER Arnault Clément, 2e classe, 8e compagnie
  • DESBIOLLES François Auguste, 2e classe, 10e compagnie
  • DESCOLLAZ Jean Baptiste, 2e classe
  • DESPLACES Jean Marie, 2e classe, 9e compagnie
  • DIDERON Justin Francisque, 2e classe
  • DITZ Ernest Marius Jules, 2e classe
  • DROZ Antoine Benoît, 1re classe, 8e compagnie
  • FABRE Paul Jules, 2e classe
  • FERROUX Joseph Athanase, 2e classe
  • FRAGNOL Daniel Joseph, 2e classe
  • GARIN René Louis Joseph, 2e classe
  • GAY Joannès, 2e classe, 1re compagnie
  • GENOUD Marius André Philippe, 2e classe
  • GILIBERT Pétrus Gabriel, caporal, 10e compagnie
  • GIRARDIN Pierre, caporal
  • GIRERD Marie Louis, 2e classe
  • GLAISAT Joseph Ambroise, caporal
  • GLÉNAT Barthélémy Joannès, lieutenant, 10e compagnie (blessé le 9, mort le 14 février 1915 à Strasbourg)
  • GONNET Jean Marie, 2e classe, 6e compagnie
  • GOUGOUX Adrien, 2e classe, 12e compagnie (blessé le 9, mort le 15 août à Strasbourg)
  • GOUJON Henri Auguste Marie, sous-lieutenant, 8e compagnie
  • GRILLAT Jean Antoine, 2e classe, 6e compagnie
  • GROLLIER François, sergent, 12e compagnie (blessé le 9, mort le 23 août à l’hospice civil de Thann)
  • GUILLERMIN Jean Baptiste, 2e classe
  • JACQUEMOND Jean, caporal
  • JACQUET Claude Joseph, 2e classe, 10e compagnie
  • JACQUET Louis François, 2e classe, 10e compagnie
  • JACQUIGNON Joseph Marie, 2e classe, 12e compagnie
  • JACQUINOD-CARRY Marius Emile, 2e classe, 3e compagnie
  • JAMBON Jean, 1re classe, 10e compagnie
  • JEANDET Marius François, 2e classe
  • JOURDAN Léon Jean, 2e classe, 8e compagnie (blessé le 9, mort le 10 août à l’hôpital civil de Cernay)
  • LANGE Louis Edouard Léon Marie, caporal (blessé le 9, mort le 11 août à l’hôpital civil de Cernay)
  • LANSARD Albert Alfred Nicolas, caporal, 7e compagnie
  • LAPALUD Jean, 2e classe
  • LEVET Louis Albert, 2e classe, 10e compagnie
  • LIVET Antonin, 2e classe
  • MAGNIN Joseph Elie, 2e classe
  • MAITRE François Emile, 2e classe
  • MANIGAND Pierre, 2e classe
  • MANNESSY Félicien François, 2e classe
  • MARQUET Joseph, 2e classe
  • MARTIN René Henri, 2e classe, 6e compagnie
  • MAY Paul Félix Joseph, lieutenant, 6e compagnie
  • MERLE Marcel, 2e classe
  • MESSIER Jean Marius, 2e classe
  • METRAL Joseph, 2e classe, 7e compagnie
  • MEUNIER François Marius, 6e compagnie
  • MILA Marcel, sergent
  • MILLET Jean Marie, 2e classe
  • MOLETTE Pierre, 2e classe
  • MOLLARD Adolphe Alexis, 2e classe, 1re compagnie
  • MOLLIEX Jean Baptiste Jacques, 2e classe, 6e compagnie
  • MOMMERT Joseph Alexandre, 2e classe
  • MOREL Auguste, 2e classe
  • MOTTARD François Marie, 2e classe
  • MOURLON Lucien Marius, caporal, 6e compagnie
  • MOUTTÉ Jacques Dominique Emile Armand, adjudant, 7e compagnie
  • MURTIN Alexis, 2e classe, 10e compagnie
  • MYX Claude, 2e classe
  • NOVEL-CATTIN Louis Martin, 2e classe, 7e compagnie
  • PACCOUD Marie Pierre Joseph, 2e classe
  • PARIS François Henri, 2e classe
  • PEGON Jean Marie Honoré, caporal
  • PERONNET Henri Marius, 2e classe
  • PERONNON Alfred Victor, 2e classe
  • PICCARD Marie Constantin, 2e classe, 6e compagnie
  • PIRON Eugène Célestin Claudius, 2e classe
  • PONCIN Georges Louis, 5e compagnie
  • PROST Fleury, caporal, 6e compagnie
  • RAVINET Albert, 2e classe, 6e compagnie
  • RECORBET Antoine, 2e classe
  • REGIPAS Jean Anselme, 1re classe, 10e compagnie
  • REVET Joseph Camille, 2e classe
  • REYDELLET Alix Alphonse Elie, 2e classe
  • RIGAUD Marie Hippolyte Antoine, 2e classe, 6e compagnie
  • RIVET Louis François, 2e classe
  • RIVOLLET François, 2e classe, 10e compagnie
  • ROGNARD Jean Baptiste, 1re classe
  • ROSSET Rémy Ferdinand Edilbert, 2e classe, 2e compagnie
  • ROUSSIN André Pierre, 2e classe, 10e compagnie
  • ROUX Emile Victor Marius, caporal, 5e compagnie
  • ROUX Marie Jules Maxime, 1re compagnie
  • SAUVAGEOT Stanislas Louis, caporal, 9e compagnie
  • SINQUIN Félix, 2e classe
  • SUBTIL Paul Joseph Célestin, 2e classe, 6e compagnie
  • VALETTE Marie Victor Maxime, 2e classe
  • VARINARD Claude Victor, 12e compagnie
  • VERNATON Pierre, 2e classe, 1re compagnie
  • VERNAY Joanny Philibert, 2e classe, 7e compagnie
  • VIAL Jean Benoît, sergent, 9e compagnie
  • VICAIRE Léon Joseph, 2e classe, 12e compagnie (ordonnance du docteur EPAULARD)
  • VIEUX Jules, 2e classe, 7e compagnie
  • VIOLLET Jean Marie Louis, 2e classe, 7e compagnie (blessé le 9, mort le 11 août à l’hôpital civil de Cernay)

Nos plus vifs remerciements à Thierry Ehret, sans qui cet article ne serait pas ce qu’il est, et à Christine Agnel et Tharcise Meyer pour leurs lumières.

7 Commentaires

  1. PIERRET Jean-Louisdit:

    Bonjour.

    Pour la deuxième fois en quelques semaines Eric Mansuy nous gratifie d’un superbe article sur le 133 et son baptême du feu.
    Merci à Eric Mansuy ainsi qu’à Thierry Ehret, à Christine Agnel et à Tharcise Meyer pour leurs recherches et le traitement de toutes les données recueillies.
    Grace à eux et à Philippe van Mastrigt, les Lions du Bugey ne tombent pas dans l’oubli.

    Bien cordialement.

    Jean-Louis.

  2. Bruno Ferrydit:

    Merci Éric pour ce captivant récit sur ces journées funestes d’août 14 vécues par le 133e RI.

  3. Comme d’habitude, un article d’Eric Mansuy est une garantie de précisions remarquables.

    1. Merci pour lui, Bernard.

  4. Ph Crozetdit:

    Magnifique travail de recherches, surtout pour une période comme celle ci du début du conflit. Merci infiniment de nous faire partager cette étude

    1. Merci Philippe. Le mérite revient à Eric. Je lui transmets.

N'hésitez pas à répondre à un message !