Il

Dans son témoignage Dans la Fournaise du Linge, le sergent Joseph-Auguste Bernardin raconte cette journée du 14 juillet 1915 :
Revue du bataillon à Krüth, par le généralissime Joffre. Le bataillon est formé en lignes de colonnes de compagnie. Le général arrive en auto. D’un pas encore alerte, il passe, en petite tenue, sur le front des troupes, dévisageant nez à nez les hommes du premier rang, et les inspectant des pieds à la tête. Je regrette que ma place de serre-file derrière la 2e section me tienne si loin: je voudrais plonger mes yeux dans ceux du grand chef et emporter comme un souvenir l’expression de son regard. Je n’en garde que l’image d’un homme grisonnant sous son képi à feuilles de chêne, assez puissant, presque bedonnant dans sa vareuse noire et son pantalon rouge.
Charles Barberot quant à lui avait déjà rencontré Joffre au début de sa carrière militaire, à Madagascar, le 15 juin 1900. Joffre, encore colonel et issu de l’arme du génie, avait participé à l’aventure coloniale, comme Gallieni ou Lyautey. Il s’était notamment illustré au Soudan français, en constituant une colonne qui secourut les restes d’une unité française à Tombouctou. Dans ses carnets, Barberot en donne la description suivante en 1900 :
Le colonel Joffre a une belle figure. Il est blond, le teint très frais et très blanc, pas brûlé du tout, l’œil vif. Et cependant c’est déjà, quoique du génie, un vieux colonial.
Le 14 juillet suivant, il sera invité avec les autres officiers par le général Galliéni, commandant en chef à Madagascar, puis reçu au bal par le même colonel Joffre. Il écrit de cette soirée :
Le soir, bal chez le colonel Joffre. Beaucoup d’officiers s’y pressaient et parmi eux les officiers de l’état-major amenés par le général Galliéni. Le manque de femmes se faisait sentir. Il y avait là deux femmes d’officiers, trois de fonctionnaires, deux d’employés de la Compagnie des Messageries. Le reste ne vaut pas la peine d’être cité.
15 ans plus tard, les femmes seront toujours absentes…
