Général Henry Martin

Henry Martin

Lorsque paraissent en 1925, dans les Carnets de la Sabretache, les écrits du lieutenant Barberot lors de son séjour à Madagascar, c’est un certain commandant Henry Martin qui préface la publication. Je retrouverai sa carte de visite, glissée dans l’exemplaire trouvé par hasard dans la bibliothèque de mes grands-parents. Ce nom, je vais aussi le retrouver à de multiples reprises dans mes recherches, jusqu’à récemment, dans l’ouvrage Les Généraux Français de la Victoire, ouvrage consacré aux généraux français qui dirigèrent l’armée française de retour dans la guerre, de 1942 à 1945. A l’occasion de la parution de cet ouvrage, retraçons le parcours de cet officier discret mais remarquable, qui restera fidèle jusqu’à sa mort à ses anciens camarades du 133e RI.

Une carrière militaire qui débute comme simple soldat

Henry Martin nait le 27 octobre 1888 à Bordeaux, d’une famille d’origine bretonne et jurassienne d’adoption. Son père est contrôleur des douanes. Henry s’engage comme simple soldat en 1907 au 42e RI à Belfort mais rejoint rapidement une école d’officiers de réserve. Son chef lors de ses 6 mois de période au fort des Rousses est le capitaine Barberot, qui le déclare « officier de réserve apte à faite campagne ». Il termine ses trois ans au grade de sous-lieutenant et doit reprendre la petite entreprise d’optique familiale créée par son grand-père. Il conserve toutefois par des périodes de rappel, un lien fort avec l’armée.

La Grande Guerre au 133 et 363e RI

Il est mobilisé le 1er août 1914 au 133e RI et retrouve le capitaine Barberot lors de la mobilisation. Il participe aux combats successifs au sein du 3e bataillon : invasion de l’Alsace en août (voir sa lettre publiée sur ce blog, concernant les tirs étranges du 9 août 1914), combats au col des Journaux, prise de la Fontenelle et combats successifs de novembre à juillet. En Alsace, début août 1914, l’historique du 133e RI indique qu’il distribue à ses hommes des dragées pour leur baptême du feu.

Henry MartinIl est promu capitaine à titre temporaire en octobre 1914. Lors de la reprise le 8 juillet 1915 par les unités françaises, il participe activement à l’assaut. Il remplace son commandant blessé à la tête du 3e bataillon, le 13 juillet. A ses côtés tombe aussi le capitaine Juvanon du Vachat. Il est lui aussi blessé, et reçoit la légion d’honneur.

Il rejoint en avril 1916 le 363e RI mais est à nouveau blessé à la tête par balle. Comme le capitaine Cornet-Auquier, il demande à rejoindre le corps des officiers d’active. Il est à nouveau blessé le 6 avril 1918 et fait prisonnier. Il est rapatrié juste avant l’armistice. Il termine la guerre avec six blessures et huit citations, dont quatre à l’ordre de l’armée.

L’entre-les-deux guerres

Général Henry MartinIl se marie juste après l’armistice avec Marie Lourdel, dont il aura quatre garçons et une fille. Son épouse est la fille du colonel Lourdel, qui lui accorde sa main pendant un repas en 1917, en permission, chez la veuve du commandant Barberot, à Belley. Pendant l’entre-deux guerres, il va occuper des postes successifs et poursuivre sa carrière, facilitée par son passage à l’Ecole Supérieure de Guerre. Il est chef de bataillon en 1927, puis sert au Maroc. Passé colonel, il prend le commandement du 80e RI à Metz et Thionville en septembre 1935. En 1940, général, il commande la 81e division d’Infanterie et combat jusqu’au bout pendant la bataille de France. Il rejoint l’Afrique du Nord après l’armistice.

La libération de la Corse et la répression algérienne

En septembre 1943, général de division, il dirige la libération de la Corse, puis en juin 1944 la prise de l’île d’Elbe. Il est nommé à la tête du 19e corps d’armée en Afrique du Nord et ne participe pas au débarquement de Provence et à la deuxième campagne de France. Lorsqu’éclatent des émeutes le 8 mai 1945 en Algérie, il participe à la répression liée aux massacres de Sétif, puis quitte l’armée en 1946.

Henry Martin, fidèle au 133e RI

Le général Henry décore un ancien du 133e

Jusqu’à sa mort en 1984, il est actif dans de nombreuses associations, dont celle de l’amicale du 133e RI, qu’il honore souvent de sa présence (comme me le rappelait encore récemment Alain Gros, qui le croisait, enfant, aux réunions). Il se passionne aussi pour la recherche du champ de bataille d’Alésia. Il repose aux Rousses, dont le fort porte aujourd’hui son nom.

Le général Giraud dressera le portrait suivant :

D’apparence timide, d’allure volontairement effacée, le général Martin joint aux plus solides qualités militaires les connaissances les plus approfondies de la guerre de montagne ; d’une santé de fer, il a le caractère toujours égal, ignore les difficultés, déteste autant le bluff que les récriminations… Chef sûr, qui ne livrera rien au hasard, mais qui ne laissera échapper aucune occasion. … Il va s’affirmer le chef militaire le plus audacieux comme le diplomate le plus avisé qui soit.

3 Commentaires

  1. DEBISSCHOPdit:

    Bonjour
    Mon grand oncle, Robert PRUGNEAUX, a servi sous les ordres du colonel Henry MARTIN. Si cela peut vous intéresser je dispose d’une très belle photo de lui en grande tenue de colonel en 1937 à METZ.
    Cordialement

    Lieutenant-colonel Xavier DEBISSCHOP
    x.dbp@laposte.net

    1. Bonjour monsieur,

      merci pour votre message. S’agit-il d’une photo du colonel Henry Martin ? Je serais heureux de l’ajouter à l’article comme illustration.

      Bien à vous.

  2. Alain GROS-MUSCULUSdit:

    J’ai rarement rencontré des généraux faisant preuve d’une simplicité telle que la pratiquait Henry Martin, général de Corps d’armée ! Poignée de main franche, visage souriant, il avait le don de mettre à l’aise ceux qui le rencontraient. Je me souviens qu’il était parfaitement à l’aise avec ses anciens Poilus du 133e R.I, et que ceux-ci lui parlaient avec respect et affection. Un chef d’exception. Il était toujours présent aux congrès annuels du 133e à Belley, et se rendait aux invitations du groupe de Bourg-en-Bresse qui se réunissait à l’hôtel de la Poste, chaque fois qu’il en avait l’occasion… La dernière fois que je l’ai vu, c’était au très réputé restaurant Marion, à Lancrans, au dessus de Bellegarde : il décora ce jour là, Louis Soudan, un Poilu gazé en 1917, Rédacteur du « Souvenir », de la croix de Chevalier de l’Ordre du Mérite national. Louis Soudan devait mourir six mois plus tard…

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