Barberot retrouve les Vosges et l’Alsace

Les 110 ans de la victoire de La Fontenelle et la parution de la réédition de la biographie du commandant Charles Barberot ont été l’occasion de retrouver les Vosges et l’Alsace les vendredi 11 et samedi 12 juillet 2025 pour une série de rencontres et d’événements. 10 ans après le centenaire, la Grande Guerre suscite toujours autant d’intérêt. 

Vosges Matin, Vosges Télévision

Arrivé à 12:30 à Senones, en provenance de Paris, j’ai à peine le temps de découvrir chez Yann Prouillet un volume de la réédition de la biographie de commandant que commence un rapide rendez-vous avec Aurélie de Vosges Télévision. Il s’agit de prendre quelques prises de vues pour compléter un reportage sur La Fontenelle dimanche, à l’occasion des activités prévues autour des visites et de la présence des fantassins de Lorraine. L’exercice inconnu pour moi est toujours intéressant et on devine que le montage final ne gardera que quelques rapides passages (si le reportage est retenu, ce qui ne semble finalement pas être le cas). 

De son côté, Yann Prouillet a bien mobilisé ses contacts pour la promotion du livre, puisque le quotidien Vosges Matin a déjà publié deux articles autour de la réédition les 9 et 10 juillet 2025.

En attendant, l’interview terminé et avec quelques cartons de la nouvelle édition, je pars pour le Mémorial du Linge où m’attendent le général Dominique Müller et Thierry Schmit.

Un accueil chaleureux au Mémorial du Linge

A l’arrivée au collet du Linge, le parking du Mémorial est déjà bien rempli. Comme me le confirme ensuite le général Müller, la fréquentation se maintient sur les dernières années. Je vois effectivement passer pas mal de visiteurs, dont beaucoup d’étrangers. 

L’équipe du Mémorial continue l’aménagement du musée. Je découvre ainsi le nouvel accueil spacieux, qui laisse de la place à une très belle boutique. De nombreux ouvrages et objets en lien avec le Linge sont présentés dans plusieurs langues. Je retrouve même des albums en néerlandais, car Flamands et Néerlandais sont de plus en plus nombreux. A côté des classiques du Musée (Bernardin, Durlewanger, Pouydraguin, Tisserand …) et des trois ouvrages plus récents publiés par le musée (Brancardiers !, L’enfance mobilisée – Être un enfant 1871-1918, Religions, Croyances et Prophéties), les livres de Florian Hensel sur le Linge et le Hartmannswillerkopf, ainsi que le dernier, consacré à la destruction et la reconstruction des édifices religieux d’Alsace après la Grande Guerre (Subir – Rebâtir -Commémorer), sont bien visibles. Une vraie réussite que le général Müller confirme par de très beaux résultats de ventes. Un complément appréciable pour un mémorial qui ne reçoit pas de subventions publiques pour son fonctionnement courant. 

A ma très grande joie, le général Müller a accepté avec enthousiasme de diffuser la nouvelle réédition de la biographie du commandant Barberot dans la boutique du musée. Cette présence prend tout son sens près de l’endroit où il est tombé le 4 août 1915, et près de la grande stèle emblématique portant son nom, qui fait face au musée. Il est prévu de mettre l’ouvrage en valeur avec un présentoir. 

Thierry Schmitt, le général Dominique Müller et moi-même

C’est aussi l’occasion de discuter des projets du musée. Thierry Schmitt et le général Müller me présentent rapidement les derniers aménagements des vitrines, et aussi la dernière tenue allemande reçue par le musée de descendants d’un soldat allemand ayant combattu au Linge. D’autres nouveaux projets sont prévus, que ce soit des bornes vidéos, la grande carte ou des réaménagements de vitrines, afin que les différentes parties du musée soient le plus compréhensible. Nous poursuivons les discussions autour du tunnel du Linge, le vrai qui est aujourd’hui effondré mais aussi les tranchées couvertes parfois confondues avec cette dernière. Il existe toujours des personnes qui ont joué, enfants, dans ces lieux. Je termine en échangeant longuement avec Thierry sur la vue des Allemands sur les combats du Linge. Il me conseille de lire l’ouvrage d’Erwin Rommel, L’infanterie attaque : enseignements et expérience vécue. Jeune lieutenant, ce dernier avait notamment servi dans le secteur des Hautes-Vosges. Il s’est aussi attelé à la traduction des journaux régimentaires, ce qui facilitera la mise en miroir des combats entre perception allemande et française. Je me rappelle en effet que pour l’Hilsenfirst, ces journaux allemands n’avaient pas du tout la même perception de la situation, notamment autour de l’encerclement de la compagnie Manhès. Cela pourrait nourrir de futurs articles pour ce blog ou pour un livre. 

Disparitions

Le général m’apprend enfin le décès de Jean Trouchaud le 11 mars 2025, à l’âge de 79 ans. C’est le petit-fils du général Trouchaud, qui commanda une brigade au Linge. Nous nous étions rencontrés pour la première fois en 2015 lors de l’extension du musée, et nous étions revu à de nombreuses reprises. 

J’apprendrai aussi un peu plus tard qu’Armand Durlewanger, qui est à l’origine de la remise en valeur du Linge, est lui aussi parti le 1er décembre 2024. 

Halte à Plainfaing

Je repars en direction de Senones, afin de préparer la conférence consacrée au Commandant Barberot, prévue à 20h à la salle des fêtes du Ban-de-Sapt. Je profite du trajet pour m’arrêter à Plainfaing et me rendre sur la sépulture de Charles Barberot. A l’entrée, et ensuite dans le cimetière, je constate la multiplication des cocardes du Souvenir Français sur les tombes privées accueillant les poilus. Un sujet important, sur lequel nous discuterons le soir au Ban-de-Sapt puis le lendemain car ces tombes abandonnées de soldats Morts Pour la France, risquent de disparaître. 

Conférence au Ban-de-Sapt

Après un passage à Senones, direction la salle des fêtes de Ban-de-Sapt, au hameau de Launois. Yann Prouillet et moi-même retrouvons le maire Serge Alem, et Yvon Warin et installons tables et chaises. Le rétroprojecteur et le micro fonctionnent ! J’installe une caméra afin de filmer l’intervention, et de créer éventuellement une vidéo. 

La salle se remplit peu à peu. Nous serons une petite trentaine. Plusieurs personnes ont malheureusement dû se désister. Je retrouve néanmoins Jean-Luc Gerber et son épouse (petit-fils du sapeur Marcel Gerber) et François, un ancien camarade de Saumur (où nous étions élèves officiers au début des années ’90).  L’auditoire est concentré pendant près de 1h30, et nous terminons avec quelques échanges autour des relèves : les soldats combattent en fait très peu et s’ennuient, ils sont relevés pour rejoindre des lieux de repos un peu en arrière du front. Les permissions ne commencent à être accordées qu’à partir de l’été 1915, mais parfois des familles viennent les retrouver derrière le front. Nous échangeons ensuite sur la question brulante des sépultures de poilus et leur devenir. Avec l’absence d’héritiers ou de familles qui entretiennent les tombes, des milliers de sépultures privées abritant des « morts pour la France » disparaissent. Le Souvenir Français tente d’intervenir. 

La soirée se termine avec les dédicaces de l’ouvrage, ce qui permet de rencontrer à nouveau plusieurs de mes anciens lecteurs qui reprennent la version augmentée. 

Rencontres à la librairie de Salm à Senones

Avec Yann Prouillet, nous nous rendons le samedi matin à la librairie de Salm à Senones pour une séance de dédicaces et d’échanges. L’établissement, qui est plutôt une maison de la presse, vendant aussi des jeux, a un beau rayon de livres traitant de sujets locaux. C’est un haut lieu de diffusion des ouvrages d’Edhisto. C’est surtout un va-et-vient continu de personnes qui passent pour le journal, parfois un magazine, souvent un jeu à gratter. 

La matinée permet de rencontrer plusieurs personnes, et de dédicacer quelques livres. A nouveau, nous avons un long échange sur les sépultures des « Morts pour la France », avec Jean-Luc Depp du Souvenir Français. Nous échangeons aussi sur le projet de réhabilitation de la tombe du lieutenant-colonel Dayet, actuellement fortement détériorée. Plusieurs financements sont rassemblés ainsi que des vérifications quant à l’éligibilité au carré militaire qui le côtoie. A suivre …

Thann, à travers les vallées Vosgiennes

Après un déjeuner rapide, je pars pour rejoindre à Thann, Florian Hensel qui est le directeur du Mémorial de l’Hartmannswillerkopf. Florian a accepté de proposer la réédition de la biographie du commandant Barberot dans la boutique du musée. 

Le trajet permet de travers plusieurs vallées des Vosges, dont celle de Kruth où passa Barberot et le 1er bataillon du 133e RI en août 1914 (et où il défila devant le généralissime Joffre le 14 juillet 1915 à la tête du 5e BCP). Visualiser les lieux est toujours une expérience inégalable, qui permet de percevoir une géographie que les récits ne savent traduire. Ici, la vallée est magnifique et enserrée de part et d’autre par des sommets. En arrivant à Thann, on débouche sur la plaine d’Alsace, près de Mulhouse. 

Nous avons un long échange avec Florian, qui me confirme que la fréquentation du mémorial se maintient aussi. Nous discutons de son dernier ouvrage SUBIR – REBÂTIR – COMMÉMORER, consacré à la destruction et la reconstruction des édifices religieux en Alsace, pendant et après la Grande Guerre. C’était son sujet de thèse de doctorat, publié maintenant dans un magnifique livre à couverture rigide, avec un très grand nombre d’illustrations (l’ouvrage est non seulement historique, mais aussi d’un grand intérêt pour tous ceux qui s’intéressent au patrimoine religieux). Dedans, on retrouve aussi le cas particulier de Metzeral et de son église de l’Emm, dans lequel a été ajouté en 2016 le nom du commandant Barberot (l’événement est d’ailleurs mentionné dans le livre). On peut trouver l’ouvrage ici

C’est sur ce dernier echange que se terminera mon séjour. 

2 Commentaires

  1. Dominique Mullerdit:

    Bonjour monsieur van Mastrigt
    Merci de votre visite au Mémorial du Linge. C’est toujours avec plaisir que nous vous rencontrons sur ce site. C’est également là que nous allons mettre à l’honneur votre nouvel ouvrage que vous avez déposé au Mémorial.
    Comme vous avez pu le constater et comme vous le relatez bien, le Mémorial continue à évoluer tout en ayant la volonté de garder le cachet initial qui est la marque du Linge.
    En échangeant avec Thierry, vous avez également compris que nous continuons à creuser dans l’Histoire en étudiant les journaux de marche des unités allemandes. Nous y découvrons beaucoup de facteurs, de récits, de photos et de cartes qui remettent parfois en cause la perception initiale retenue par nos Anciens et par nous-mêmes.
    Nos déplacements à Munich auprès des archives allemandes nous fournissent également de précieux renseignements qu’il nous faut croiser avec les informations du côté français.
    Bref il y a du pain sur la planche mais c’est avec passion que nous nous efforçons d’enrichir l’Histoire de la bataille du Linge, élargie dans le cadre de la bataille dite de Metzeral ou de la Fecht ou encore de Munster.
    Au plaisir de vous revoir.

    1. Bonjour mon général,
      Merci pour votre commentaire. Je viens de déposer à l’association La Saint-Cyrienne mon ouvrage et ils ont bien associé le sujet avec le mémorial du Linge et vous même.
      Ce fut un plaisir de vous rencontrer ainsi que Thierry Schmitt et l’équipe de l’accueil. Comme vous avez pu le lire dans l’article, j’ai été ravi de voir les dernières évolutions du mémorial et enthousiaste sur les derniers changements. Quant à mes échanges autour des journaux allemands, ils permettent d’entrevoir tout un nouveau champ d’investigation. Enfin, je suis très heureux de voir votre intérêt à lier la bataille du Linge avec la bataille de Metzeral (il y a aussi en lien les combats de l’Hilsenfirst), car ces opérations sont intimement liées.
      Je ne manquerai pas de passer au Mémorial lors de mon prochain passage.

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