Le 10 septembre dernier fut inauguré un ossuaire à Bourg-en-Bresse, pour recevoir les dépouilles des soldats morts pour la France dont les sépultures privées étaient reprises suite à une fin de concession ou un abandon. Sur la liste des noms de l’ossuaire, celui de Louis Chevrier de Corcelles. Une surprise car sa tombe avait été entretenue. Le lieutenant-colonel Jean-Louis Pierret qui m’avait transmis l’information a pu revoir le président du Souvenir Français, et il y a un rebondissement. On peut même parler d’un répit pour Louis Chevrier de Corcelles …
Le carré familial est toujours là…
S’étant rendu à la Toussaint au cimetière de Bourg-en-Bresse, le lieutenant-colonel a voulu voir l’ancien emplacement de la tombe de Louis de Corcelles. A sa grande surprise, la tombe, ainsi que le carré familial, n’avaient pas été repris. Etonné, il a pu s’entretenir avec Monsieur Subreville qui venait de prendre sa permanence à la table du Souvenir Français. Celui-ci lui apprend alors qu’en fait, seulement une dizaine de corps ont été déposés dans l’ossuaire militaire. Pour ce qui est des autres corps, ils le seront au fur et à mesure de la reprise des concessions par la mairie ; laquelle s’est engagée à effectuer le transfert à ses frais. La conclusion est donc qu’aujourd’hui, l’aspirant Chevrier de Corcelles repose encore parmi sa famille, dans cette même tombe où il fut déposé par ses proches et ses frères d’armes en 1921. Comme je l’ai indiqué au lieutenant-colonel, je préfère cette situation à celle de l’ossuaire militaire, même si cette dernière est une option de moindre mal par rapport à une reprise et dépôt des corps dans l’ossuaire communal.
Louis Chevrier de Corcelles rejoindra-t-il un jour l’ossuaire sur lequel son nom est déjà marqué ? Pour le lieutenant-colonel, cela est peu probable car sa tombe est bien une concession perpétuelle. Reste néanmoins à entretenir la tombe car abandonnée, elle pourra être reprise par la mairie.
L’enjeu des tombes privées des « morts pour la France »
L’article précédent et le commentaire de Yann Prouillet a fait notamment réagir monsieur Jean-Luc Gerber, bénévole du Souvenir Français à Belfort et petit-fils d’un sapeur combattant dans le secteur de la Fontenelle. Monsieur Gerber me fait part de son combat pour préserver les tombes individuelles des poilus mort pour la France, afin que leur tombe (ou les caveaux familiaux et le monument funéraire associé) ne soit pas repris. C’était l’esprit des lois votées après la Grande Guerre, et la mission du Souvenir Français. Une solution simple qu’il préconise et voudrait être soutenu par des députés serait de vérifier avec la base Mémoire des Hommes que la tombe reprise ne contient pas un « mort pour la France ». Auquel cas la mairie pourrait ne pas la reprendre. Une alternative à la constitution d’un ossuaire militaire, mais qui reste dans tous les cas lié actuellement à la bonne volonté des mairies. Car aujourd’hui, aucune disposition légale ne protège les sépultures des « morts pour la France » lorsqu’elles sont privées. Il restera aussi à voir comment préserver ces tombes à l’abandon (et leur financement), en espérant qu’une restauration éventuelle conserve bien la sépulture originelle (et sa valeur historique) plutôt qu’un remplacement par une simple dalle.