(suite de l’épisode 3 – Spitzemberg et l’Ormont)

C’est un retour dans le temps par rapport aux sites précédents, car le col des Journaux fut le théâtre de violents combats début septembre 1914, avec comme enjeu principal d’arrêter les Allemands avant qu’ils ne puissent déboucher dans la vallée. Une difficulté néanmoins est de trouver ce col. Dans mes recherches préalables, j’avais utilisé Google maps mais le col ne ressortait pas. Sur le forum 14-18, j’avais retrouvé un échange sur le sujet, où une question fut répondue de manière sèche (« Un forum n’est pas un moteur de recherche »). C’est donc avec quelques cartes anciennes et indications glanées que je m’y engage. Heureusement, le GPS de mon Iphone sait finalement, lui, où se trouve le col. Cela permet de raccourcir le trajet.

Après la N59, je tourne dans Fraize sur une petite route qui monte. On prend bien conscience que la défense des hauteurs commande ici la protection de la vallée. Rapidement, à un petit carrefour, on rencontre un premier monument, édifié à la gloire de l’allié américain par l’association franco-américaine de Fraize. Puis on atteint par une petite route le col des Journaux lui-même, bien marqué par un panneau et une grande table d’orientation.
J’essaie rapidement de me situer. La grande table aide. Sur le côté droit, la vallée et Fraize, avec un 
Je reprends un peu les événements de ce début du mois de septembre. Le 133e RI arrive le 30 août 1914 à Fraize, après plusieurs jours de retraite

d’Alsace. L’ordre avait été donné de se replier sur les cols vosgiens, car sur le front du Nord, l’armée française avait entamé une longue retraite et les Allemands étaient aux portes de Paris. Il s’agit donc de se mettre en position défensive, alors que va se préparer la bataille de la Marne. Le 1er bataillon est engagé le même jour et va jusqu’au 4 septembre tenter plusieurs attaques pour prendre les positions Cote 637 et Tête de Béhouille, sans y parvenir totalement. Il se replie à plusieurs reprises sur le col des Journaux. Les pertes sont lourdes, le commandant Barberot remplace le le commandant Falconnet le 3 septembre. Le 5, il est quasi encerclé mais parvient à s’exfiltrer pendant la nuit jusqu’à Fraize. S’engage alors une contre-attaque pour reprendre coûte que coûte le col, alors que la bataille de la Marne qui a démarré enlève tout espoir de renforts. L’assaut est un succès et la position est reprise. Les Allemands se replient, là encore en lien avec les événements de la Marne. Le front se stabilise, les deux camps commencent à s’enterrer.


A ce moment, je débute la dernière étape de ma journée : me rendre à Metzeral par la route des crêtes. Cet axe est essentiel pour bien comprendre le front français. La route fût construite en 1914, dans un but stratégique afin d’assurer la logistique et la défense sur le front des Vosges. Du col du Bonhomme au Vieil Armand, en passant par le col de la Schlucht, le massif du Hohneck, le Markstein et le Grand Ballon, la route est longue de plus de 80 kilomètres. C’est effectivement une très belle route, mais dont on voit bien le rôle d’artère. Perpendiculaire aux vallées, elle permet un déplacement rapide des troupes d’un point à un autre. A plusieurs reprises, le commandant Barberot y fait référence, notamment le col de la Schlucht. J’y marque un arrêt pour le beau paysage qui s’offre devant moi.
En me rapprochant de Metzeral, le paysage change car on gagne en altitude. La végétation est plus clairsemée, les arbres disparaissent. Un peu en retard par rapport à mon arrivée, j’accélère et passe soudainement le col du Breitfirst. A cet endroit, les français avait installé des baraquements qui servaient d’abord aux repos des troupes. Barberot y fait référence, comme le fit aussi le commandant Manhès. On s’imagine néanmoins qu’il devait y faire froid l’hiver. Par la suite, ce fut là qu’on créa les chenils pour les chiens Hutskys, qui furent amenés pour tirer les traîneaux d’évacuation des blessés et d’approvisionnement des troupes pendant l’hiver. Puis s’engage la descente vers Metzeral. L’Alsace est bien là. J’emprunte la vallée qui mène à Sondernach, et réalise que les français firent le même chemin. Sur la droite, j’aperçois une montagne qui doit être l’Hilsenfirst. Enfin, j’arrive à Metzeral… (à suivre)


 
                             
                             
                             
                             
                            