La publication du livre est l’occasion de nombreux contacts et échanges. Ainsi, madame Véronique Janéaz m’a-t-elle écrit pour m’indiquer que son arrière grand-père Louis Etienne Janéaz servit dans le bataillon Barberot, avant de tomber le 24 septembre 1914 à La Fontenelle. Mais elle précise aussi la difficulté d’en connaître les circonstances, malgré de longues recherches. Car si la mort des officiers est souvent décrite dans les historiques, les journaux de marche ou les dossiers individuels, les conditions dans lesquelles les soldats du rang tombent est bien souvent difficile à déterminer.
Le site mémoire des hommes confirme bien sa mort à La Fontenelle le 24 septembre 1914. La fiche matricule donne plus de précisions, notamment qu’il est « tué à l’ennemi à un combat ». Pourtant, le Journal de Marche du 133e RI décrit une journée calme, sans signalement d’aucun affrontement. Il précise simplement que « le travail de renforcement continue sur tout le front ». On est dans la phase des combats où les hommes creusent et renforcent les ouvrages défensifs de la position, ce que confirme l’historique du 133e RI. Est-il alors touché par un tir isolé alors qu’il s’activé aux travaux de terrassement ?
Pour tenter de comprendre ce qui lui est arrivé, madame Véronique Janéaz a relevé un à un il y a 30 ans, les noms et dates de quelques 960 soldats de la nécropole. Elle a trouvé que François FAVAT, du 133e RI, a été tué le 23 septembre, son arrière-grand-père le lendemain. Mais rien de plus. Tir isolé ? Imprudence? Impossible de le savoir.
Philippe Crozet, qui a aimablement transmis la photo de la tombe du caporal à la nécropole de La Fontenelle, a aussi retrouvé un extrait du Journal Officiel du 15 mai 1920, attribuant la croix de guerre avec étoile de bronze, en tombant au combat. La possibilité d’une mort dans un accrochage est donc bien possible.
Toute information supplémentaire est bien entendue la bienvenue.
Une étude attentive du Journal de Marche du 133e RI montre que le 1er bataillon, qui a pris la cote 627 le 16 septembre, est déplacé le 19 septembre, à côté, au hameau de Gemainfaing. Il débute aussitôt des travaux de fortification. Il reste sur cette position jusqu’au 28 septembre. Le caporal Janéaz pourrait donc être tué à ce niveau là, et non sur la cote 627 elle-même.
Suite à la publication de l’article, Philippe Crozet a complété ses recherches. Les deux déclarants du décès du caporal Janéaz sont le sergent Léon Content, et le sergent fourrier Georges Madela. Le premier s’est illustré le 24 septembre en remplaçant son lieutenant, mortellement blessé, lors de l’attaque de la cote 627. Il tombe le 18 février 1915 lors des combats de La Fontenelle, qui font suite à l’attaque désastreuse de janvier. Le second meurt le 8 juillet 1917, alors qu’il est aspirant. Le caporal Janéaz fait probablement parti de leur section.
Philippe Crozet pense que le lieutenant remplacé est probablement le lieutenant Munsch, blessé le 20 septembre 1914, lors d’une important canonnade (d’après le Journal de Marche). Peut être la citation du sergent, établi lors de sa mort, commet-elle une erreur de date ? Le lieutenant commandait une section de mitrailleuses. Le sergent Content pourrait donc faire partie de sa section, comme le caporal Janéaz.