C’est toujours avec plaisir et fierté que je reçois des sollicitations autour du commandant Barberot ou de Louis de Corcelles, à travers ce blog ou les deux ouvrages que j’ai publiés. J’ai reçu récemment une demande d’aide pour un projet pédagogique portée par madame Marie Cécile Guerrisi, enseignante à l’école primaire de Chazey-sur-Ain. A l’occasion du centenaire, elle a inscrit ses élèves de CE2/CM1 au concours « des petits artistes de la mémoire » et les lance sur les traces du soldat Louis de Corcelles, né dans leur commune.
Le concours des petits artistes de la mémoire
Les Petits artistes de la mémoire est un concours destiné aux élèves des classes de CM1 et de CM2 (les classes mixtes de CM1-CM2 voire dans certains cas de CE2-CM1-CM2 peuvent participer). Il a pour objet de préserver et de transmettre aux plus jeunes la mémoire des combattants de la Grande Guerre. Ce concours est organisé par l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG). Le travail demandé s’articule autour de trois étapes :
- Sélection par la classe d’un Poilu originaire si possible de leur commune ou département
- Recherche d’informations sur la Grande Guerre et sur le parcours du Poilu
- Réalisation d’un « carnet de guerre » illustré par des dessins, des peintures, des collages, des poèmes, des textes, etc., retraçant l’histoire du Poilu
Le projet des élèves de Chazey-sur-Ain
C’est par l’entremise du maire de la commune, René Dulot (fin connaisseur de l’histoire et des familles de la région) que Louis de Corcelles a été sélectionné par madame Guerrisi. Voici les grandes lignes du projet tel que décrit dans un échange :
Nous allons réaliser le carnet de Louis Chevrier de Corcelles. Nous allons sélectionner un certain nombre de ses lettres (ou passages) à ses parents qui ont un intérêt historique, littéraire, patrimonial, anecdotique et assez facile pour les enfants de la classe (9/10 ans). Après la lecture et l’explication de ses lettres, les élèves vont alors devoir les réécrire avec la calligraphie de l’époque, sur du papier vieilli par nos soins et les illustrer à partir de photos d’époque (exemple : dans sa première lettre, il parle des 30 h de train après un départ d’Ambérieu-en-Bugey. Nous allons chercher des photos de soldats dans un train ou de la gare d’Ambérieu pour nous aider à dessiner). Le produit « fini » que nous transmettrons au jury du concours, tentera alors de ressembler au mieux à un carnet de poilu.
En parallèle, nous allons faire des recherches sur Louis de Corcelles et des visites (exemple : monuments aux morts de la commune, mairie de Chazey, la forêt de Rothonnes à Belley qui était un lieu d’entrainement du 133e RI où l’on peut aujourd’hui marcher dans les tranchées). Nous aimerions à la fin de l’année, éditer un « livre » dans lequel on trouvera bien sûr, le carnet réalisé pour le concours, mais aussi en annexes, les documents trouvés lors de nos différentes recherches, les photos de nos visites… Ce livre serait alors une trace de notre travail à l’occasion du centenaire de la grande guerre.
Un beau projet donc, et un « livrable » sous forme d’un livre, dont ce blog suivra bien entendu la réalisation.
Louis de Corcelles et Chazey-sur-Ain
Marie, Antoine, Félix, « Louis » Chevrier de Corcelles naît à Chazey-sur-Ain le 11 avril 1895, très probablement au château qui se dresse à l’entrée du village. Si la famille de son père n’est pas originaire du Bugey, ni de Chazey, mais de la Bresse (Bourg en Bresse) (plusieurs ancêtres ont eu des rôles politiques à la révolution puis sous les différents régimes qui ont suivis), c’est indirectement par sa mère que s’explique son lien avec Chazey. Celle-ci fut d’abord mariée avec Alfred Cote (1841-1892), propriétaire, dont elle a eu deux enfants : Etienne et Germaine, dite « Nini ». Voici un extrait du dictionnaire des hommes et des femmes politiques de l’Ain de 1789 à 2003, rédigé par Dominique Saint-Pierre (ancien député de l’Ain) qui présente Alfred Cote :
Cote Alfred (Simon Antoine Alfred). Maire. Né à Lyon le 5 avril 1841, fils de Jean-Marie Cote, banquier, et de Claudine Jeanne Sabine Grand. Banquier, propriétaire du château de Chazey par la famille Grand, réélu en tête au conseil municipal de Chazey-sur-Ain le 22 septembre 1874, nommé adjoint par arrêté du 4 février 1875, maire élu du 9 octobre 1876 au 21 janvier 1878. Il est mort en 1892. Sa veuve, Adélaïde Decroso, qu’il avait épousé à Ambutrix le 18 mai 1881, a épousé en secondes noces le 25 avril 1894 Félix Chevrier de Corcelles (voire notice), maire de Chazey.
Le château revient donc aux deux premiers enfants à la mort de son père, ce qui explique que la mère de Louis et son père y habitent en 1895. Le père de Louis devient lui aussi maire de Chazey de 1900 à 1912.
A une date inconnue, les parents de Louis s’installent à Ambutrix, dans la grande maison aujourd’hui occupée par sa petite nièce, et dont il parle dans ses courriers (voir aussi l’article sur ce blog ici). Cette maison appartient à sa mère, dont le grand-père, Auguste Decroso, fut maire de la commune (ainsi que de Pont d’Ain). Le frère de Louis, Etienne, est inhumé au cimetière d’Ambutrix. Lui, comme Louis, sont sur les monuments aux morts des deux communes de Chazey-sur-Ain et d’Ambutrix.
Pendant sa période au front, Louis qui est profondément enraciné dans le Bugey, cite souvent les soldats ou officiers qui en sont originaires. On retrouve ainsi (références de mon ouvrage) :
- Page 51, le « pauvre Vivier de Chazey »
- Page 270, « La 4e, compagnie rentre à l’instant : elle a subi, m’a raconté Dujon (de Chazey) 3 attaques »
- Page 154, « Avez-vous lu l’article du diable au cor sur le commandant Barberot, j’ai appris qu’il est tombé mortellement atteint dans les bras du docteur Voiturier, de Chazey ».
A suivre…