Il y a cent ans, le 29 juillet 1915, le 5e BCP et son commandant, le chef de bataillon Barberot, prennent d’assaut les lignes allemandes de la crête du Linge. Engagé dès le 25 juillet dans la bataille, le bataillon s’élance contre les lignes allemandes après une préparation d’artillerie qui se révélera insuffisante.
Dans l’ouvrage La Bataille des Hautes-Vosges, le général d’Armau de Pouydraguin décrit de manière très générale, l’attaque :
Le 5e Bataillon de chasseur commandé par le commandant Barberot (qui avait si brillamment enlevé le piton 830 en juin avec le 1er Bataillon du 133e RI), progresse assez facilement jusqu’au changement de pente à l’ouest de la crête, mais là il se trouve en butte à de violents feux d’infanterie puis à un bombardement sévère auquel succèdent trois contre-attaques à 16 heures, 17h30 et 20 heures qui sont finalement repoussés. La batterie qui les appuyait est détruite par notre artillerie.
Le témoignage du sergent Bernardin est beaucoup plus concret et vécu :
Après une préparation d’artillerie notoirement insuffisante (les artilleurs ont ordre de ménager les munitions) et malgré l’opposition de Barberot qui doit obéir aux ordres de la division (j’ai entendu une partie de la discussion au téléphone) l’attaque part vers 15h30. Nous suivons les vagues d’assaut à 100 mètres, munis d’outils de parc et de grenades. Il faut grimper à pic, parmi une vraie moraine de roches. La position ennemie, formée d’une série de blockhaus reliés par une tranchée continue, est à peu près intacte, et défendue par de nombreuses mitrailleuses se flanquant les unes les autres. A peine sorti, le lieutenant Gadat, commandant la 5e compagnie, son second, le sous-lieutenant Chaffangeon tombent morts. Après un bond de 30 mètres, les 4e et 5e compagnies sont clouées au sol, à 50 mètres de la position ennemie par le feu croisé des mitrailleuses. Quand nous atteignons leur ligne de départ, le commandant donne l’ordre de s’arrêter et de se fortifier sur place.
L’ennemi régit avec furie pour nous rejeter dans la vallée. Nous sommes obligés de nous terrer. Ceux qui ont des pelles les placent sur leur tête en guise de casque. Les balles ennemies sifflent presque au ras du sol, coupent les branches des sapins, arrachent des lambeaux d’écorces qui pendent en écharpes. – Je suis là, le nez au sol, au milieu de ma demi-section ; et, suivant ma vieille habitude, j’égrène mon chapelet…
Deux jours plus tard, le 1er août, le bataillon attaquera à nouveau pour mettre un pied dans les lignes allemandes…
En commémoration de cette assaut, la fiche du lieutenant Gadat a été indexée sur le site Mémoire des Hommes