
Malgré l’aménagement par les Allemands depuis le mois de mars d’un gros ouvrage,flanqué de mitrailleuses, protégé par des champs de barbelés, s’appuyant sur un réseau de tranchées et de boyaux, le 133e RI s’empare du piton. La prise de cette position clé ouvre la voie aux offensives (16-23 juin) vers Metzeral.
Déjà en juin 1915, Barberot évoquait dans un courrier à sa femme son amertume. Amené dans la vallée pour effectuer les travaux d’approches, on confia finalement à son bataillon la prise de la cote. Son assaut qui succéda à un bombardement intensif fut un succès total qui stupéfia toutes les autres unités, qui purent y assister de loin. Il écrit pourtant :
Aussi ne te dirais je pas la pluie de félicitations, décorations, témoignages d’admiration de tous les chefs et le sentiment . . . un peu baba des chasseurs (le bataillon est cité). Malheureusement nous ne sommes pas chez nous, et quoi que nous ayons pris ici une place, on sent que nous sommes des étrangers. On nous renvoie ce soir à la 66e division, probablement pour l’étayer.
Ne sont-ils pas toujours des étrangers en 2015 ?
Effectivement, la question plus large est la mémoire des régiments d’infanterie de ligne, par rapport à celle des chasseurs, dans leur contribution aux combats. Le point particulier du 133e RI est son rôle clé dans le succès de cette bataille – qui n’est pas contesté dans les publications – et une commémoration qui semble l’avoir oublié. En 1915, le ressenti des « biffins » n’était pas bon, et Barberot exprimait un sentiment de malaise, celui d’être « de trop ». La question posée est de savoir si cette « compétition mémorielle » perdure aujourd’hui. Un sujet qui mérite d’être creusé.
Pour le coup je crains que les RI sont les grands oubliés de la bataille de Metzeral. Non seulement le 133e, mais également les 357e et 359e qui ont eu de lourdes pertes lorsqu’ils s’étaient attaqués eux aussi à la 830 un peu plus tôt…