Le monument qui s’érige en face de l’actuel musée du Linge porte, outre la mention du Commandant Barberot, celle du commandant Colardelle. C’est cet officier que Charles Barberot remplaça à l’Hilsenfirst, après qu’il eut été tué le 21 juin 1915 pendant un assaut.
Charles Léon Alphonse Colardelle est né le 6 octobre 1868 à Verdun, fils de Jean Joseph Colardelle (avocat) et d’Emilie Thomas. Il entre le 31 octobre 1889 à 21 ans à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr (promotion Dahomey), dont il sort au 13e rang (sur 447). Il est affecté le 1er octobre 1891 au 2e bataillon de chasseurs à pied. Il épouse le 5 mai 1896 Marguerite Marie Bertrand. Trois enfants naissent de cette union. Le 30 décembre 1902, Charles Colardelle passe capitaine au 152e régiment d’infanterie, qu’il ne quitte plus jusqu’à la déclaration de guerre.
En 1914, après le début des hostilités, il rejoint le 20 septembre le 5e bataillon de chasseurs à pied, à Raon l’Etape dans les Vosges. Il en assure le commandement comme chef de bataillon temporaire, avant d’être confirmé à ce grade le 1er novembre 1914.
Son unité reste pendant 2 mois dans un secteur calme, entre Alamont et La Halte avant de rejoindre le 10 décembre la 66e division d’infanterie au niveau du Bussang, dans le cadre de la défense de la vallée de la Thur. Elle est engagée dans la prise de Steinbach, non loin de Cernay, dont les combats vont se poursuivre jusqu’au 3 janvier 1915. L’unité est engagée sur le Hartsmannwillerkopf à partir du 4 janvier 1915, puis déployée sur le plateau d’Uffholtz. En février, elle occupe la ligne de crête Markstein6trehkopf, pour retrouver le plateau d’Uffholtz jusqu’en avril, puis élargit son secteur jusqu’en juin.
Le 14 juin 1915, le bataillon est engagé dans l’offensive de l’Hilsenfirst. Le 17 juin, le bataillon doit participer au dégagement de la compagnie Manhès qui est encerclé. Le 18 juin, il débute l’attaque mais doit, après une première progression, se replier sous la pression de l’artillerie ennemie puis d’une contre-attaque. Le 20 juin, une nouvelle attaque est engagée avec d’autres bataillons (notamment le 13e BCA). Les unités françaises parviennent sur la crête de l’Hilsenfirst avec difficulté. Le lendemain, les combats du 5e BCP se poursuivent. La 2e compagnie connait de lourdes pertes. Le commandant Colardelle intervient et dirige lui-même l’assaut. Il s’affaisse alors qu’il est atteint mortellement de deux balles. Le commandement est repris par le capitaine Muller, jusqu’au 26 juin, lorque le commandant Barberot arrive et en reprend le commandement.
Le commandant reçoit la citation suivante à titre posthume :
« Chef de corps de la plus haute valeur morale et professionnelle, d’une bravoure et d’un sang froid exceptionnels. Glorieusement tué à la tête de son bataillon qu’il avait tenu à conduire lui-même à un assaut difficile. »
Il est chevalier de la légion d’honneur, et croix de guerre avec deux palmes.
Le corps du commandant sera transféré au cimetière militaire de Moosch. En 1936, à l’inauguration de la stèle du 5e BCP au collet du Linge, les deux veuves Barberot et Colardelle se retrouveront ensemble comme le sont alors les noms de leurs deux maris sur le monument.
Il y a peu de commentaires ou de témoignages sur le commandant Colardelle. L’historique du 5e BCP ne donne pas réellement de portrait. Dans les écrits plus personnels de la période – carnets du capitaine Manhès, du sergent Bernardin, ou bien l’ouvrage du général de Pouydraguin – il est absent. En revanche, un numéro de la revue S’Lindeblätt, lui a été consacré en 1995.
Le commandant Colardelle et le commandant Barberot partagent plusieurs points :
- Tous deux sont Saint-Cyriens, issus de familles originaires de l’Est (bien que Charles Barberot soit né à Paris).
- Tous deux ont été promus chef de bataillon à titre temporaire puis définitive au début de la guerre, bien que Barberot soit toutefois plus jeune de 7 ans.
- Tous deux sont associés sur le monument du Linge
- Un camp est nommé Colardelle, au niveau du Thommannsplatz, comme il y eut aussi un camp Barberot non loin du Linge
Le projet portant sur l’ajout de Charles Barberot aux combattants de l’église de l’Emm placera ce dernier juste en dessous du commandant Colardelle.
Les deux fiches du commandant Colardelle ont été indexées sur le site Mémoire des Hommes.