Le musée du Linge et le musée de l’ambulance Alpine de Mittlach viennent de publier avec la contribution notamment d’Eric Mansuy, bien connu de ce blog (ainsi que de Bruno Ferry du musée du Linge et Rémy Jaeglé, président fondateur de l’association « Les Amis du musée de l’ambulance alpine de Mittlach »), un très bel ouvrage consacré au service de santé et aux ambulances sur le front des Vosges : Brancardiers ! Quatrième ouvrage de la collection lancée par le musée du Linge (les ouvrages précédents sont A l’assaut du Linge et Religions, croyances et prophéties publiés en 2020 et L’enfance mobilisée, être un enfant, 1871-1918 publié en 2021), il couvre en 98 pages une large description du service de santé et de nombreux aspects spécifiques au front des Vosges, ainsi qu’une très belle iconographie et de nombreux documents. En attendant sa présentation officielle début juin 2023 et sa disponibilité à la vente dans les deux musées au prix de 15 €, voici quelques points saillants relevés à la lecture de l’ouvrage qu’Eric Mansuy m’a aimablement envoyé en avant-première.
Présentation de l’ouvrage
Un panorama du service de santé
L’introduction décrit d’abord l’organisation du service de santé de l’armée française à l’entrée en guerre. Une chose est certaine, cette dernière n’était pas du tout préparée à la guerre moderne et le volume considérable des blessés des premiers mois. Les mois d’août et de septembre sont un véritable « désastre sanitaire ». Heureusement, comme sur bien d’autres sujets, des initiatives énergiques permettent une réforme rapide de l’organisation, en améliorant surtout la rapidité de la prise en charge des blessés. Les auteurs décrivent aussi les différents acteurs du service de santé : médecins militaires (je conseille personnellement à ce sujet la lecture de l’ouvrage de Frantz Adam : Sentinelles … prenez garde à vous … en lien avec La Fontenelle), infirmiers, brancardiers (pris souvent parmi les musiciens régimentaires, ou bien les ecclésiastiques tel que Loys Roux) et enfin les infirmières. Les précisions sur ces femmes sont très intéressantes, notamment les 350 « mortes pour la France » et 2 500 blessés, ainsi que 10 200 décorées dont 323 de la Légion d’Honneur. La sœur du commandant Barberot (ma grand-mère) s’engagera comme de nombreuses femmes dès 1915 comme infirmière.
Une description similaire du service de santé allemand est faite dans la foulée.
Les auteurs abordent ensuite quelques sujets spécifiques :
- L’ambulance chirurgicale automobile, qui permet d’opérer près des lignes de front
- La radiologie de guerre, que la France avait initiée dès 1904 mais sans équiper son service de santé alors que les Allemands sont déjà pourvus d’une vingtaine de véhicules en août 1914. Sous l’impulsion de Marie Curie, l’armée française comble rapidement son retard.
- Les chiens sanitaires
- L’exemple de la prise en charge du chasseur Chanséaume, blessé au Barrenkopf et qui termine amputé.
L’ambulance alpine de Mittlach
C’est le coeur de l’ouvrage, qui reprend les trois années de fonctionnement de cette ambulance alpine installée dès avril 1915 dans Mittlach tout juste conquis par les Français, dans le tout récent bâtiment de la mairie-école de la commune. Une introduction passionnante à la visite du musée actuel aménagé dans le sous-sol du bâtiment, et qui a conservé de nombreuses traces, dont des inscriptions. On trouvera des précisions sur le musée ici (on pourra compléter la visite avec celle du musée du Linge qui a aussi inauguré il y a quelques années une reconstitution d’ambulance alpine).
On lira avec beaucoup d’intérêt dans cette section les différents aménagements, la vie quotidienne, les médecins militaires qui se sont succédés, les modes de transports pour l’évacuation dont les automobiles, les schlittes et traineaux, les mulets et leurs cacolets, les chiens de traineaux et les câbles aériens … ainsi que la résolution d’une énigme.
Un sujet méconnu : les sections sanitaires anglaises
Eric Mansuy (familier du sujet sanitaire avec notamment la publication sur ce blog d’un article sur le service de santé de la 66e DI à la bataille de l’Hilsenfirst, à côté des diverses analyses publiées ici ou ailleurs sur les pertes, qui passent immanquablement par une étude approfondie des archives médicales) m’avait déjà évoqué ce sujet dans le passé : la présence d’anglais sur le secteur du Linge et sa contribution active, au prix de plusieurs tués, à l’évacuation des blessés. On retrouve dans cette partie très documentée de nombreux détails surprenants, comme l’utilisation de Ford T mais surtout de side-cars.
Passionnant !
Bonjour
comme toujours bravo pour ces différents suivis de cette grande guerre.
et surement encore tant de choses a decouvrir
Michel
Merci beaucoup !