Il y a toujours des certitudes qui un jour peuvent être remises en cause, lorsqu’on entame un véritable travail de recherche. Ainsi, il en est de la sépulture actuelle du commandant Barberot. Pour moi, le commandant reposait à Belley. Une évidence, basée sur ce que ma mère m’avait indiqué. Et pourtant, il semble aujourd’hui que cela ne soit pas le cas…
Reprenons l’histoire du commandant. Le 4 mai 1915, il est tué d’un éclat d’obus alors que 40 000 projectiles s’abattent sur les premières positions du Linge. Son corps est évacué à l’arrière, vers Plainfaing. Quelques jours plus tard, le 10 août, deux cérémonies ont lieu. Sa femme et son fils sont présents. La première est présidée par le général de Pouydraguin, la seconde par le colonel Georges Brissaud-Desmaillet. Le commandant est probablement enterré dans le cimetière provisoire du village, près de la chapelle Saint-Jean-Baptiste du Rudlin. La tombe est simple. Le capitaine Cornet-Auquier s’y rend un mois plus tard, et écrit :
L’après-midi, M. M…, chef de la sûreté de l’armée et moi sommes allés à Plainfaing, pour déposer deux couronnes sur la tombe du pauvre cher commandant Barberot, tombe bien modeste: un tertre, une croix de bois, une couronne des chasseurs, de petites fleurs des champs fanées. Dire que cet homme si supérieurement intelligent et cultivé, si vivant et à l’activité si débordante, repose là sous quelques pieds de terre ! C’est inimaginable ! Je ne me consolerai jamais de la mort de cet homme.
Le devenir des tués de la Grande Guerre devient dans les années ’20 un sujet important. Les cimetières provisoires vont être remplacés par des carrés militaires et de grandes nécropoles, les corps vont y être déplacés. Mais certaines familles demandent la récupération de leurs défunts afin de les ensevelir dans le caveau familial. Plusieurs livres récents ont traité de ce sujet qui fut complexe et douloureux.
Manifestement, le corps du commandant Barberot est récupéré, probablement par son épouse. On ne retrouve en effet son nom ni dans le carré militaire de Plainfaing, ni sur la base des sépultures de guerre du site Mémoire des Hommes. Il rejoint probablement son fils Jacques, tué accidentellement le 4 juin 1921 à Saint-Cyr d’une péritonite, après une blessure occasionnée au football. On suppose que son épouse les rejoindra en 1967, à son décès. Mais où est-ce ? La présence du commandant Barberot sur le monument aux morts de la ville, et le lieu de décès de sa femme, ont toujours laissé penser que ce lieu était Belley. Et pourtant…
Curieux de trouver la sépulture dans le cimetière communal de la ville, madame Véronique Janéaz (dont les recherches sur son arrière-grand-père ont été publiées sur ce blog) me propose de se renseigner à Belley. L’entreprise de marberie qui jouxte le cimetière est mise à contribution, elle qui est probablement le plus fin connaisseur des tombes. Le résultat de ses recherches vient toutefois de tomber: aucune tombe au nom de Barberot n’a été trouvé. Ni d’exhumation. La dépouille du commandant est donc ailleurs.
Après la recherche sur le minenwerfer de la cote 830, et celle du camp Barberot, voici donc une nouvelle enquête qui commence. La piste la plus probable est une tombe familiale de l’épouse du commandant. Plusieurs pistes sont à explorer pour la retrouver : l’état civil de Belley, des informations d’autres membres de la famille, les documents relatifs à la tombe de Plainfaing, l’office des anciens combattants pour sa fiche d’identification…
Je publierai sur ce blog les résultats de mon enquête…
Bonsoir Philippe,
Nous avions déjà eu une discussion sur ce sujet. Je ne sais pas si cette action a été réalisée ? Quelqu’un a t il déjà arpenté le cimetière civil de Belley en quête de cette sépulture éventuelle ? Si ce n’est pas le cas, écarter la piste vers ce cimetière peut s’avérer hasardeux.
Bonne recherche…
Bien amicalement,
Philippe
Bonsoir Philippe,
Pour répondre à votre question, il n’y a pas eu d’arpentage du cimetière civil. Un travail qui, j’en conviens, serait judicieux pour invalider définitivement cette piste. Néanmoins, la consultation de madame Janéaz auprès de l’entreprise de marbrerie a permis de rentrer dans les archives du cimetière et des ses inhumations. Une tombe des années ’60, au nom de BARBERO (sans lien avec celle que je recherche) a d’ailleurs été trouvée. Je pense donc que chercher dans une autre direction est nécessaire. Une piste à explorer : les documents liés au transfert du cimetière de Plaifaing vers un autre lieu : celui qui nous intéresse. Sans expérience sur ce type de documents, je ne sais si l’information sera disponible.
J’ai aussi passer au crible le dossier militaire individuel du commandant, mais n’y ai rien trouvé.
A suivre…
Philippe