L’hécatombe des cadres du 5e bataillon de chasseurs à pied au Linge

Lors du travail de recherche qui amène à la publication de l’article de ce blog, (29 juillet 1915) « Le chiffre des pertes de notre côté est encore inconnu », Eric Mansuy exhume de ses archives un document avec la liste des officiers blessés ou tués au sein du 5e BCP. Un document qui aussitôt suscite une idée : retracer le parcours individuel de chacun de ses hommes. C’est en fait une longue recherche qui démarre, qui s’élargit aux combats précédents et met progressivement en lumière l’hécatombe au sein de l’encadrement, le renouvellement rapide des cadres, et leur origines très diverses. Les saint-cyriens, décimés lors des premières semaines, laissent rapidement la place aux officiers du rang ou de Saint-Maixent. C’est une étude magistrale de ces parcours qu’Eric me donne l’occasion de publier sur ce blog. Qu’il soit une nouvelle fois remercié pour ce travail passionnant…

L’article a été complété en juin 2023 avec les parcours manquants de l’étude initiale, et un complément sur les délais entre blessure et retour, entre arrivée et la mise hors de combat.

50 pertes par jour. Tel a été, en moyenne, le montant des pertes maximales subies au Linge par le 5e BCP entre le 26 juillet et le 7 août 1915. Elles sont sans commune mesure avec celles d’Ingersheim, le 22 août 1914 (120 hommes), ou celles, épouvantables, de la seule journée du 1er septembre 1914, durant laquelle 589 hommes ont été mis hors de combat. Aux environs de Mandray, ce sont près de 10 hommes qui tombent chaque jour entre le 5 et le 10 septembre (49 pertes totales). Les combats de Steinbach, mi-décembre 1914, infligent au bataillon plus de 135 pertes quotidiennes durant trois jours. A Uffholtz, du 23 janvier au 4 février 1915, les pertes atteignent 375 tués, blessés, disparus, soit près de 29 pertes par jour. Enfin, la lutte livrée à l’Hilsenfirst, entre le 20 juin et le 4 juillet 1915 a causé la perte journalière de près de 39 hommes. Au final, donc, les pertes de l’été 1915 n’ont plus rien à voir avec celles endurées en 1914. Le fait est, mais en revanche, le sanglant séjour au Linge a une particularité propre au 5e BCP : son encadrement en officiers y a été décimé, comme nous allons le voir dans le détail.

Comment les combats impactent les effectifs des officiers ?

Commençons par nous intéresser aux précédents combats, que nous venons de citer, et plus précisément à leur impact sur les cadres en officiers :

• à Ingersheim, les pertes en officiers (3 blessés) valent pour 2,5% de l’ensemble des pertes du bataillon
• à Entre-deux-Eaux, 4 morts et 2 blessés représentent 1% de l’ensemble
• à Mandray, ce sont 6 officiers qui sont hors de combat, soit 12,25% de l’ensemble
• à Steinbach, les officiers perdus (au nombre de 5) valent pour 1,23% de l’ensemble des pertes
• à Uffholtz, la perte de 10 officiers vaut pour 2,66% de l’ensemble
• à l’Hilsenfirst, ce sont 18 officiers qui sont perdus, soit 3,13% de l’ensemble
• au Linge, enfin, les pertes en officiers se montent à 19, soit 2,94% de l’ensemble.

Voyons à présent dans quelle mesure l’effectif des officiers a été touché par ces pertes, en nous fondant sur les organigrammes présents dans le JMO du bataillon.

• à Ingersheim, l’encadrement a perdu 12,5% de son effectif
• à Entre-deux-Eaux, l’encadrement a perdu 20,8% de son effectif
• à Mandray, l’encadrement a perdu 42,8% de son effectif
• à Steinbach, l’encadrement a perdu 45,4% de son effectif
• au Linge, l’encadrement a perdu 86,3% de son effectif.

Deux conclusions, à ce stade, apparaissent :

• les pertes en officiers augmentent de manière conséquente entre les combats de 1914 et ceux de 1915 : en 1914, 3 à Ingersheim, 6 à Entre-deux-Eaux, 6 à Mandray, 5 à Steinbach ; en 1915, 10 à Uffholtz, 18 à l’Hilsenfirst, 19 au Linge ;
• les combats de la guerre de position, en 1915, font peu à peu croître les pertes journalières en officiers, avec une moyenne de 0,77 par jour à Uffholtz (sur 13 jours), 1,2 par jour à l’Hilsenfirst (sur 15 jours), 1,4 par jour au Linge (sur 13 jours).

Les pertes lors des combats précédant le Linge

Voici pour les chiffres. Derrière ces chiffres, qui sont les hommes qui ont commandé au sein du 5e BCP, ont été blessés ou tués, et surtout, à quels parcours d’officiers avons-nous affaire ?

L’entrée en guerre et les combats de Mandray

Les cadres du bataillon lors de l’entrée en guerre

Le 3 août 1914, l’encadrement du bataillon est le suivant :

Commandant Charles Auguste Jules JACQUEMOT (Saint-Cyr, 1890-1892)
Lieutenant Charles DELAHAYE (Ecole Militaire d’Infanterie, 1906-1907)
Lieutenant Armand Joseph Edouard COPPENS (engagé volontaire en 1895, sous-lieutenant en 1907)
Lieutenant Georges Jacques Frédéric BEUCLER (engagé volontaire en 1906, Ecole Militaire d’Infanterie, 1907-1908)

1re compagnie

Capitaine Jean Marie Lucien Auguste MICHET de la BAUME (Saint-Cyr, 1897-1899)
Lieutenant Marie Joseph Jules Léon ROUSSEL (engagé volontaire en 1897, Ecole Militaire d’Infanterie, 1902-1903)
Lieutenant Jean Eugène Victor CARDOT (incorporé en 1903,  Ecole Militaire d’Infanterie, 1909-1910)
Sous-lieutenant Jacques THAMIN (Saint-Cyr, 1913-1914)

2e compagnie

Capitaine MOUGEL (Ecole Militaire d’Infanterie, 1900-1901)
Lieutenant Albert Raymond TABOURNEL (Saint-Cyr, 1904-1906)
Sous-lieutenant André Joseph Antonin BOUCHUT (Saint-Cyr, 1912-1914)

3e compagnie

Capitaine Ludovic Charles Arthur DE GUERNON (incorporé en 1893, Ecole Militaire d’Infanterie, 1898-1899)
Sous-lieutenant Jean Antoine ADAM (incorporé en 1908, sous-lieutenant au 5e BCP en 1913)
Sous-lieutenant Paul Marie Claude LESAGE (incorporé en 1912, sous-lieutenant de réserve en 1914)
Sous-lieutenant Alfred Georges SCHLUMBERGER (Ecole Nationale des Eaux et Forêts, 1911-1913)

4e compagnie

Capitaine Léon Georges Rodolphe NARDIN (Saint-Cyr, 1896-1898)
Lieutenant Edouard MERKLEN (engagé volontaire en 1894, Ecole Militaire d’Infanterie, 1902-1903)
Sous-lieutenant Lucien CONJARD (Saint-Cyr, 1912-1914)

5e compagnie

Capitaine Prosper Joseph LALLEMAND (Saint-Cyr, 1896-1898)
Lieutenant Louis Jean Marie DÉLIVRÉ (engagé volontaire en 1893, Ecole Militaire d’Infanterie, 1902-1903)
Lieutenant Louis Marie Joseph Raymond GRAS (incorporé en 1909, Ecole Militaire d’Infanterie, 1913-1914)

6e compagnie

Capitaine René Charles Adolphe Marie MATHIEU (Saint-Cyr, 1897-1899)
Lieutenant Georges Marie Alphonse HEUDE (Saint-Cyr, 1903-1905)
Lieutenant Jean Paul Robert CHENOT (Saint-Cyr, 1902-1904)

De quelles écoles sont issus ces officiers ?

Sur ces 24 officiers, 45,8% de ces officiers sont passés par Saint-Cyr, 37,5% sont passés par Saint-Maixent (Ecole Militaire d’Infanterie). A Ingersheim, le 22 août 1914, le bataillon enregistre 3 blessés : 2 Saint-Maixentais (MOUGEL et GRAS) et 1 Saint-Cyrien (TABOURNEL, non évacué). Le 1^er septembre, à Entre-deux-Eaux, ce sont 3 Saint-Cyriens (NARDIN, CONJARD, tués, BOUCHUT, mort de ses blessures), 1 diplômé de l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts (SCHLUMBERGER, tué), 1 Saint-Maixentais (DE GUERNON, blessé) et 1 issu du rang (le sous-lieutenant François BERNIN, au 5^e BCP depuis 1903, blessé) qui sont mis hors de combat.

   

Source : Tableau d’honneur de l’Illustration

Source : Annales de la Science Agronomique Française et Etrangère

Source : Musée de Saint-Cyr

Réorganisation du bataillon après les premiers combats

Le 2 septembre, le bataillon est réorganisé à quatre compagnies, avec les cadres suivants :

Commandant Charles Auguste Jules JACQUEMOT
Lieutenant Charles DELAHAYE
Lieutenant Armand Joseph Edouard COPPENS
Lieutenant Georges Jacques Frédéric BEUCLER

1^re compagnie

Capitaine Jean Marie Lucien Auguste MICHET DE LA BAUME
Lieutenant Marie Joseph Jules Léon ROUSSEL
Lieutenant Jean Eugène Victor CARDOT

2^e compagnie

Lieutenant Albert Raymond TABOURNEL
Sous-lieutenant Jean Antoine ADAM

5^e compagnie

Capitaine Prosper Joseph LALLEMAND
Lieutenant Louis Jean Marie DELIVRE
Lieutenant Edouard MERKLEN

6^e compagnie

Lieutenant Georges Marie Alphonse HEUDE
Lieutenant Jean Paul Robert CHENOT

L’impact des combats de septembre 1914

Les combats livrés entre le 5 et le 10 septembre bouleversent ensuite l’encadrement de manière prégnante. En effet, aux environs de Mandray sont perdus 4 Saint-Cyriens (HEUDE et TABOURNEL, tués, JACQUEMOT et THAMIN, blessés), 1 Saint-Maixentais (ROUSSEL, blessé), et 1 officier issu du rang (ADAM, tué). A ceux-ci s’ajoute, le 17 septembre, blessé à l’Ormont, le sous-lieutenant Emir Joseph Basile BESANÇON (appartenant depuis 1903 au 5^e BCP, au sein duquel il a gagné tous ses galons), blessé à l’Ormont.  

    

Source : Tableau d’honneur de l’Illustration

Les combats de Steinbach

Le bataillon à la mi-octobre 1914

A la date du 18 octobre 1914, l’encadrement est le suivant (les noms soulignés sont ceux des nouveaux cadres) :

Commandant Léon COLARDELLE (Saint-Cyr, 1889-1891)
Lieutenant Charles DELAHAYE
Lieutenant Armand Joseph Edouard COPPENS
Lieutenant Georges Jacques Frédéric BEUCLER

1ere compagnie

Capitaine Jean Marie Lucien Auguste MICHET DE LA BAUME
Sous-lieutenant Marie Michel Alexis Augustin FAIVRE D’ARCIER (incorporé en 1912, sous-lieutenant de réserve au 5e BCP en 1914))

2e compagnie

Capitaine Jean Paul Robert CHENOT
Sous-lieutenant Jehan Henri Paul Charles Ernest DE MONLEON (engagé volontaire en 1904, cassé de son grade de caporal en 1905, sous-lieutenant de réserve au 5e BCP en 1914)

3e compagnie, en cours de reconstitution

Capitaine Arthur Louis Philippe d’ESCODECA DE BOISSE (Saint-Cyr, 1900-1902)
Sous-lieutenant Joseph MATUSSIERE (engagé volontaire en 1894, sous-lieutenant de réserve à titre temporaire au 5e BCP en 1914 )
Sous-lieutenant SIMEON (engagé volontaire en 1903, sous-lieutenant de réserve au 45e BCP en 1914)

4e compagnie

Capitaine Edouard MERKLEN
Sous-lieutenant Jacques THAMIN
Sous-lieutenant Jean Fernand NAUDON (incorporé en 1907, sous-lieutenant de réserve à titre temporaire au 5e BCP en 1914)

5e compagnie

Capitaine Louis Jean Marie DELIVRE
Sous-lieutenant Louis GRAS

6e compagnie

Capitaine Emile Victor MANSUY (incorporé en 1895, Ecole Militaire d’Infanterie, 1901-1902)
Lieutenant Jean Eugène Victor CARDOT
Sous-lieutenant François BALLAY (engagé volontaire en 1900, sous-lieutenant en 1914)

Aux officiers cités ci-dessus viennent s’ajouter les suivants, entre le 14 novembre et le 7 décembre 1914 :

• Sous-lieutenant Augustin Armand CHENAIL (classe 1908, sous-lieutenant en 1914)
• Sous-lieutenant Adrien Marie Régis Henri DE MASSON D’AUTUME (incorporé en 1911, sous-lieutenant en 1914)
• Capitaine Paul Georges WILLIGENS (Saint-Cyr, 1902-1904)
• Sous-lieutenant Auguste LEGATHE (incorporé en 1908, sous-lieutenant en 1914)
• Lieutenant Victor MULLER (engagé volontaire en 1895, Ecole Militaire d’Infanterie, 1902-1903)

Bilan des pertes après 5 mois d’engagement

A Steinbach, du 13 au 15 décembre 1914, le 5e BCP perd 2 Saint-Cyriens (CHENOT, tué, WILLIGENS, capturé), 1 Saint-Maixentais (CARDOT, blessé), 2 officiers issus du rang (MATUSSIERE, tué, DE MONLEON, capturé).

Source : Tableau d’honneur de l’Illustration

Les cinq premiers mois de la guerre ont touché :

• 9 officiers de Saint-Cyr : 6 tués ou morts de leurs blessures (NARDIN, BOUCHUT, CONJARD, HEUDE, TABOURNEL (également blessé le 22 août), CHENOT), 2 blessés (JACQUEMOT, THAMIN), 1 capturé (WILLIGENS) ;
• 7 officiers issus du rang : 3 tués (ADAM, FAIVRE D’ARCIER, MATUSSIERE), 3 blessés (BERNIN, BESANÇON, NAUDON), 1 capturé (DE MONLEON) ;
• 5 officiers de Saint-Maixent, tous blessés (MOUGEL, GRAS, DE GUERNON, ROUSSEL, CARDOT) ;
• 1 officier de l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts (SCHLUMBERGER).

      

Source : Tableau d’honneur de l’Illustration

Statistiquement parlant, ces 22 pertes se déclinent comme suit : 41% de Saint-Cyriens, 31,8% d’officiers issus du rang,  22,7% de Saint-Maixentais, 4,5% pour l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts.

A la suite des pertes enregistrées mi-décembre 1914, le bataillon intègre les cadres suivants, entre le 26 décembre 1914 et le 19 janvier 1915 :

• Lieutenant Paul Henri CAMUS (engagé volontaire en 1911, sous-lieutenant en 1914)
• Sous-lieutenant Joseph Delphin Félicien BONJOUR (incorporé en 1911, sous-lieutenant en 1914)
• Sous-lieutenant Clotaire Martial Benoît CANNET (incorporé en 1911, sous-lieutenant en 1914)
• Sous-lieutenant Marie Joseph André ADAM (Saint-Cyr, 1914)
• Sous-lieutenant Raymond Hector CHRISTOPHE (Saint-Cyr, 1914)
• Sous-lieutenant Léon Ange Marie COSSON (Saint-Cyr, 1914)
• Sous-lieutenant Fernand Joseph Alfred MOULUN (Saint-Cyr, 1914)
• Emir Joseph Basile BESANÇON (incorporé en 1903, sous-lieutenant en 1915)
• Sous-lieutenant Maurice BOURGEOIS (incorporé en 1914, sous-lieutenant en 1914)

Les combats d’Uffholtz

L’année 1915 débute pour le 5e BCP avec la perte de 10 officiers dans les combats d’Uffholtz, en janvier et février. Le bataillon accuse alors 6 morts(les sous-lieutenants BESANÇON,  BONJOUR, LESAGE, MOULUN, COSSON et SERRIERE), 4 blessés (le capitaine MULLER, les lieutenants GRAS, LEGATHE, THAMIN).

Source : Historique du 5e BCP

COSSON, MOULUN et THAMIN étaient Saint-Cyriens ; MULLER et GRAS étaient Saint-Maixentais ; BESANÇON, BONJOUR, LEGATHE et LESAGE étaient des officiers issus du rang ; la fiche matricule du sous-lieutenant Alfred SERRIERE est vierge.

Avant que le bataillon ne soit frappé par de nouvelles pertes conséquentes en officiers, l’encadrement intègre respectivement, les 2 et 4 avril 1915, deux cavaliers :

• Sous-lieutenant Jules Victor Romain BALLAND, en provenance du 9^e hussards (engagé volontaire en 1908, sous-lieutenant en 1915)
• Sous-lieutenant Joseph Laurent NITARD, venant du 10^e dragons (engagé volontaire en 1910, sous-lieutenant en 1915).

Puis se joignent aux cadres précédemment cités, entre la mi-mai et la mi-juin 1915 :

• Sous-lieutenant Marie François Joseph AUBRY (incorporé en 1890, sous-lieutenant en 1915)
• Sous-lieutenant Pierre Marie BERRY (incorporé en 1903, sous-lieutenant en 1915)
• Sous-lieutenant André Robert Auguste BRUERE (engagé volontaire, sous-lieutenant en 1915)
• Lieutenant Paul Henri CAMUS (engagé volontaire en 1911, lieutenant en 1915)
• Sous-lieutenant Nicolas Gabriel FORT (incorporé en 1906, sous-lieutenant en 1915)
• Sous-lieutenant Marie Louis Gabriel GODFROY (incorporé en 1903, sous-lieutenant en 1915)
• Sous-lieutenant Henri Francis MENGEL (incorporé en 1912, sous-lieutenant en 1915)
• Sous-lieutenant Henri Claude MEURER (engagé volontaire en 1906, sous-lieutenant en 1915)
• Sous-lieutenant Georges Benjamin MICHEL (classe 1913)
• Lieutenant Antoine Marie Salvador ORDIONI (Institut National Agronomique, Ecole Nationale des Eaux et Forêts, lieutenant en 1913)

Les combats de l’Hilsenfirst

C’est en grande partie parmi ces hommes que, peu après, l’Hilsenfirst inflige au bataillon ses pires pertes en officiers depuis le début de la campagne : 4 morts (le commandant COLARDELLE (Saint-Cyrien), les sous-lieutenants DE MASSON D’AUTUME, MICHEL, MEURER (tous trois issus du rang)), 7 blessés (le lieutenant CANNET (issu du rang), les sous-lieutenants AUBRY (issu du rang), BOURGEOIS (issu du rang, ancien normalien), CAMUS (issu du rang), GODFROY (issu du rang), NITARD (issu du rang), le lieutenant ORDIONI (de l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts)), 3 capturés (le capitaine COPPENS, les sous-lieutenants BRUERE et MENGEL (tous trois issus du rang)). Cette fois, les officiers issus du rang représentent plus de 78% des pertes.

Source : Tableau d’honneur de l’Illustration

Source : Historique du 5e BCP

L’hecatombe du Linge

Le bataillon avant et pendant l’engagement

L’organigramme au 18 juillet 1915

Alors que se profilent les combats du Linge, voici ce que nous savons de l’organigramme du bataillon, à la date du 18 juillet 1915 :

Commandant Charles Elisée BARBEROT (Saint-Cyr, 1894-1896)
Sous-lieutenant Paul René Louis Marie MAURICE (étudiant dispensé en 1904, sous-lieutenant en 1915)

1re compagnie

Capitaine André Louis Marie Bruno SAILLARD (Saint-Cyr, 1901-1903)
Lieutenant Pierre CLERC (engagé volontaire en 1899, lieutenant des douanes en 1913, lieutenant à titre définitif au 5e BCP en 1915)
Lieutenant Emile AUDEMARD (engagé volontaire en 1907, sous-lieutenant en 1915)

2e compagnie

Lieutenant Nicolas Léon Alix HENNEQUIN (incorporé en 1912, sous-lieutenant en 1914)
Sous-lieutenant Nicolas Gabriel FORT (incorporé en 1906, sous-lieutenant en 1915)

3e compagnie

Capitaine Lucien Edmond DANJEAN (Saint-Cyr, 1905-1907)
Sous-lieutenant Paul Victor GERARD (engagé volontaire, classe 1896)
Sous-lieutenant Emile Auguste MELCIOLLE (incorporé en 1908, sous-lieutenant en 1915)

4e compagnie

Capitaine Paul René Joseph PEROTEL (incorporé en 1895, Ecole Militaire d’Infanterie, 1900-1901)
Sous-lieutenant François BERNIN (incorporé en 1903, sous-lieutenant en 1914)
Sous-lieutenant Georges François Auguste MONTILLOT (engagé volontaire en 1913, sous-lieutenant en 1915)

5e compagnie

Lieutenant Michel GADAT (incorporé en 1911, sous-lieutenant en 1915)
Sous-lieutenant François Henri CHAFFANJON (incorporé en 1903, sous-lieutenant en 1915)

6e compagnie

Capitaine Victor MULLER (engagé volontaire en 1895, Ecole Militaire d’Infanterie, 1902-1903)
Sous-lieutenant Gabriel Pierre Charles CHAMPEYTINAUD (incorporé en 1913, sous-lieutenant en 1915)

Les renforts pendant les premiers combats

Au fur et à mesure de l’accumulation des pertes après le 27 juillet, 5 autres officiers viennent s’ajouter à ceux ci-dessus mentionnés, ou les remplacer :

• Capitaine Jean Eugène Victor CARDOT (incorporé en 1903,  Ecole Militaire d’Infanterie, 1909-1910)
• Capitaine Emile Claude François MARION (engagé volontaire en 1892, Ecole Militaire d’Infanterie, 1898-1899)
• Lieutenant Léonard NOUHAUD (engagé volontaire en 1909, sous-lieutenant en 1915)
• Sous-lieutenant Joseph Marie DE FRAMOND (engagé volontaire en 1907, sous-lieutenant en 1915)
• Sous-lieutenant Louis Jean ROUSSET (engagé volontaire en 1903, sous-lieutenant en 1915)

L’effectif des 22 officiers cités ci-dessus semble être celui dont la constitution intègre, depuis août 1914, le plus faible nombre d’officiers issus d’une école, et le plus grand nombre d’officiers issus du rang, à savoir respectivement 7 et 14, auxquels s’ajoute le cas particulier du lieutenant CLERC, officier douanier : il n’y a plus ici que 3 Saint-Cyriens (le chef de bataillon, et 2 capitaines), 4 Saint-Maixentais (tous capitaines), et les 14 officiers issus du rang représentent 63,6% de cet effectif de cadres.

Un encadrement bouleversé

A l’issue de l’engagement du 5e BCP au Linge, seuls 5 officiers sur 22 en redescendent indemnes.

Les tués sont :

• le commandant BARBEROT (4 août),
• le lieutenant GADAT (29 juillet),
• le sous-lieutenant AUDEMARD (1^er août),
• le sous-lieutenant CHAFFANJON (29 juillet).

Les blessés :

• le capitaine CARDOT (5 août),
• le capitaine DANJEAN (29 juillet),
• le capitaine MARION (7 août),
• le capitaine PEROTEL (4 août, 7 août),
• le capitaine SAILLARD (4 août),
• le lieutenant CLERC (4 août),
• le lieutenant NOUHAUD (6 août),
• le sous-lieutenant BERNIN (29 juillet),
• le sous-lieutenant FORT (5 août),
• le sous-lieutenant DE FRAMOND (1^er août),
• le sous-lieutenant HENNEQUIN (29 juillet),
• le sous-lieutenant MELCIOLLE (5 août),
• le sous-lieutenant ROUSSET (7 août).

Aux côtés de ces hommes a en outre été mortellement blessé, le 6 août, le médecin auxiliaire LEVI-ALVARES, mort de ses blessures à Gérardmer.

Qui sont ces hommes ?

17 officiers frappés sur 22 engagés, voici qui est très éloigné de caricatures souvent véhiculées par une idéologie tentant de faire passer ces hommes, généralement taxés d’être majoritairement issus de la noblesse ou de la grande bourgeoisie, pour des planqués envoyant leurs subordonnés à la mort sans la risquer eux-mêmes. Les carrières de ces hommes nous en donnent une vision bien différente.

Commençons par les Saint-Cyriens puis les Saint-Maixentais, devenus minoritaires au sein de l’encadrement, avant de nous attarder sur les officiers issus du rang.

Les Saint-Cyriens

Le commandant Charles Elisée Barberot (Saint-Cyr, 1894-1896).

Nous n’aurons pas l’indélicatesse de le présenter, cet honneur revenant à Philippe van Mastrigt dans l’ouvrage consacré à son grand-oncle : https://charlesbarberot.fr/

Le capitaine Lucien Edmond DANJEAN (Saint-Cyr, 1905-1907).

Engagé volontaire au titre de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr en octobre 1905 ;
Sous-lieutenant le 1er octobre 1907, lieutenant en 1909, capitaine à titre temporaire en novembre 1914, capitaine à titre définitif en mai 1915 ;
Au 9e BCP en 1907, au 12e BCA en 1912, au 334e RI en novembre 1914, au 5e BCP le 10 juillet 1915 ;
Blessé au Schratzmännele le 29 juillet 1915 ;

Cité à l’ordre du bataillon le 12 octobre 1914 ; cité à l’ordre de la Division le 18 novembre 1914 ; cité à l’ordre de la Division le 19 février 1916 ; cité à l’ordre de l’Armée le 1er octobre 1916 ; cité à l’ordre du Corps d’Armée le 20 novembre 1916 ; cité à l’ordre de l’Armée le 17 avril 1917 ; cité à l’ordre de la Division le 23 juin 1917 ; cité à l’ordre de l’Armée le 24 novembre 1917 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en avril 1917 ;

Mort le 6 septembre 1949.

Le capitaine André Louis Marie Bruno SAILLARD (Saint-Cyr, 1901-1903).

Engagé volontaire au titre de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr en octobre 1901 ;
Sous-lieutenant en septembre 1903, lieutenant en octobre 1905, lieutenant porte-drapeau en janvier 1907, capitaine en mars 1915 ;
Au 35e RI de 1903 à 1909, au 107e RI en 1911, au 5e BCP en 1913 ;
Blessé au Linge le 4 août 1915  ;

Cité à l’ordre de la Brigade le 28 septembre 1915 ; cité à l’ordre de l’Armée le 11 mai 1919.

Mort le 14 décembre 1959.

Les Saint-Maixentais

Le capitaine Paul René Joseph PEROTEL (Ecole Militaire d’Infanterie, 1900-1901).

Incorporé au 26e RI en novembre 1895 ; rengagé en 1898 ;
Soldat de 2e classe en novembre 1895, caporal en septembre 1896, sergent en septembre 1897, sergent-fourrier en 1899, élève-officier en 1900, sous-lieutenant en 1901, lieutenant en avril 1903, capitaine en mars 1914 ;
Au 26e RI de 1895 à 1899 ; élève-officier à l’Ecole Militaire d’Infanterie en avril 1900, au 29e BCP de 1901 à 1913, au 5e BCP en mars 1914 ;
Blessé au Linge le 4 août 1915 puis le 7 août 1915 ;

Cité à l’ordre de l’Armée le 4 septembre 1915 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en septembre 1915.

Mort au combat le 14 septembre 1918

Le capitaine Victor MULLER (Ecole Militaire d’Infanterie, 1902-1903)

Engagé volontaire pour 3 ans en 1895 ; rengagé en 1898, 1901 ;
Soldat de 2e classe en octobre 1895, caporal en septembre 1896, sergent en août 1897, sergent-fourrier en août 1898, élève-officier à l’Ecole Militaire d’Infanterie en avril 1902, sous-lieutenant en mars 1903, lieutenant en avril 1905, capitaine en décembre 1914 ;
Au 5e BCP le 17 décembre 1914 ;
Blessé à Uffholtz le 4 février 1915 ;

Cité à l’ordre de l’Armée le 25 décembre 1914 ; cité à l’ordre de l’Armée le 20 février 1915 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en mars 1916 ;

Mort le 30 juin 1923 des suites de blessures de guerre.

Le capitaine Jean Eugène Victor CARDOT (Ecole Militaire d’Infanterie, 1909-1910).

Incorporé au 115e RI en novembre 1903 ; rengagé en 1906, 1907, 1908, 1909 ;
Soldat de 2e classe en novembre 1903, caporal en mars 1904, sergent en septembre 1904, sergent-fourrier en mai 1906, élève-officier à l’Ecole Militaire d’Infanterie en octobre 1909, aspirant en septembre 1910, sous-lieutenant en octobre 1910, lieutenant en octobre 1912, capitaine le 2 juillet 1915 ;
Au 115e RI en 1903, au 25e RI en 1910, au 5e BCP en 1913 ;
Blessé à Steinbach le 13 décembre 1914 ; blessé au Schratzmännele le 5 août 1915 ;

Cité à l’ordre de l’Armée le 9 octobre 1914 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en septembre 1915.

Mort le 18 juillet 1959.

Le capitaine Emile Claude François MARION (Ecole Militaire d’Infanterie, 1898-1899).

Engagé volontaire au 159e RI en octobre 1892 ;
Soldat de 2e classe en octobre 1892, caporal en mai 1893, caporal-fourrier en octobre 1893, sergent-fourrier en décembre 1893, sergent en mars 1894, sergent-major en juin 1896, élève-officier à l’Ecole Militaire d’Infanterie en avril 1898, sous-lieutenant en avril 1899, lieutenant en avril 1901, capitaine en mars 1913 ;
Au 159e RI de 1892 à 1896, au 109e RI de 1899 à 1901, au 44e RI de 1910 à 1913, au 2e RE de 1913 à 1915, au 5e BCP en juillet 1915 ;
Blessé au Linge le 7 août 1915 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1914 ;

Mort le 22 mars 1923.

Les officiers issus du rang

Le lieutenant Michel GADAT.

Valet de chambre ;
Incorporé au 5e BCP en octobre 1911 ; rengagé en 1913 ;
Chasseur de 2e classe en octobre 1911, caporal en avril 1912, sergent en septembre 1912, adjudant en octobre 1914, sous-lieutenant à titre temporaire en janvier 1915, lieutenant à titre temporaire en mai 1915 ;
Blessé à Ingersheim le 22 août 1914 ;
Tué au Schratzmännele le 29 juillet 1915 ;

Cité à l’ordre de la Division le 16 février 1915 ; cité à l’ordre de l’Armée le 2 septembre 1915.

Le sous-lieutenant Emile AUDEMARD.

Coupeur en casquettes ;
Engagé volontaire pour 3 ans en 1907 ; rappelé le 2 août 1914 ;
Dragon de 2e classe en 1907, brigadier en 1907, chasseur de 1re classe en 1914, caporal en avril 1915, sergent en juin 1915, aspirant en juin 1915, sous-lieutenant à titre temporaire le 16 juillet 1915 ;
Au 23e régiment de dragons en 1907, au 5e BCP en 1914 ;
Tué au Schratzmännele le 1er août 1915 ;

Cité à l’ordre de la Division le 7 août 1915.

Le lieutenant Léonard NOUHAUD.

Comptable ;
Engagé volontaire pour 5 ans en 1909 ; rengagé en 1914 ;
Cuirassier de 2e classe en février 1909, brigadier en septembre 1910, maréchal des logis en 1912, sous-lieutenant à titre temporaire en juillet 1915 ;
Au 5e Régiment de Cuirassier de 1909 à 1915, au 5e BCP en août 1915 ;
Blessé au Schratzmännele le 6 août 1915  ;

Cité à l’ordre du régiment le 16 juillet 1915 ; cité à l’ordre du bataillon le 30 août 1917 ; cité à l’ordre de la Division le 26 novembre 1917 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en juin 1920 ;

Mort le 24 mai 1934.

Le sous-lieutenant François BERNIN.

Serrurier ;
Incorporé au 5e BCP en novembre 1903 ; rengagé en 1906, puis en 1908, 1910, 1912 ;
Caporal en 1904, sergent en 1905, sergent-fourrier en 1907, adjudant en 1912, adjudant-chef en 1914, sous-lieutenant à titre temporaire en septembre 1914, sous-lieutenant à titre définitif en septembre 1915 ;
Blessé à Entre-deux-Eaux le 1er septembre 1914 ;
Blessé au Linge le 29 juillet 1915 ;

Cité à l’ordre de l’Armée le 10 octobre 1914 ; cité à l’ordre de l’Armée le 4 septembre 1915 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en septembre 1915 ;

Mort le 6 janvier 1920.

Le sous-lieutenant François Henri CHAFFANJON.

Tailleur de pierres ;
Incorporé au 15e BCP en novembre 1903 ; rengagé en 1906, 1908, 1910, 1911, 1912, 1913 ;
Chasseur de 1re classe en juin 1905, caporal en septembre 1905, caporal clairon en septembre 1906, sergent clairon en janvier 1907, adjudant en 4 août 1914, adjudant-chef en juin 1915, sous-lieutenant à titre temporaire le 16 juillet 1915 ;
Au 15e BCP de 1903 à 1906, au 5e BCP en septembre 1906 ;
Tué au Schratzmännele le 29 juillet 1915 ;

Cité à l’ordre du bataillon ; cité à l’ordre de l’Armée le 2 septembre 1915.

Le sous-lieutenant Gabriel Pierre Charles CHAMPEYTINAUD.

Répétiteur ;
Incorporé au 5e BCP en octobre 1913 ;
Chasseur de 2e classe en octobre 1913, caporal en janvier 1914, sergent en février 1914, aspirant en décembre 1914, sous-lieutenant à titre temporaire en mai 1915 ;
Cité à l’ordre de l’Armée le 27 février 1915 ; cité à l’ordre de l’Armée le 2 septembre 1915 ;
Tué le 18 octobre 1916.

Le lieutenant Pierre Marius CLERC.

Engagé volontaire pour 4 ans en 1899 ; rengagé en 1910, 1911, 1912, 1913 ;
Chasseur de 2^e classe en novembre 1899, caporal en mai 1900, sergent en mars 1901, sergent fourrier en juin 1901, sergent en septembre 1902 ;
Préposé des douanes de Chambéry en août 1906, sous-brigadier en mars 1909, brigadier en mars 1910, lieutenant en mai 1913 ;
Au 5^e BCP en avril 1915 (lieutenant à titre définitif, capitaine à titre définitif en mai 1917), au 17^e BCA en mars 1918, au 5^e BCA en avril 1918, au 32^e BCA en août 1918 ;
Blessé au Linge le 4 août 1915 ;

Cité à l’ordre de l’Armée le 2 septembre 1915 ; cité à l’ordre du Corps d’Armée le 2 décembre 1918 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en 1920 ;

Mort le 7 juin 1930.

Le sous-lieutenant Nicolas Gabriel FORT.

Huissier ;
Incorporé en octobre 1906 ; rengagé en 1908, 1910 ;
Chasseur de 1^re classe en juillet 1907, caporal en juillet 1907, sergent en novembre 1908, adjudant en septembre 1914, sous-lieutenant à titre temporaire en mai 1915, sous-lieutenant à titre définitif en août 1917 ;
Au 15^e BCP en août 1914, au 5^e BCP en mai 1915, au 19^e BCP en juillet 1916, au 35^e RI en décembre 1916, au 260^e RI en août 1917, au 56^e RI en septembre 1918 ;
Blessé au Linge le 5 août 1915 ;
Cité à l’ordre de la Division le 24 juin 1916 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en 1920 ;

Mort le 3 septembre 1969.

Le sous-lieutenant Joseph Marie DE FRAMOND.

Engagé volontaire pour 3 ans en 1907 ; rengagé en 1910, 1911, 1912, 1913 ;
Sous-lieutenant à titre temporaire en février 1915, lieutenant en juin 1917 ;
Au 10e régiment de dragons en 1909, au 260e RI en février 1915, à la 1re brigade de chasseurs en juin 1915, au 5e BCP le 22 juin 1915 ;
Blessé au Schratzmännele le 1er août 1915  ;

Cité à l’ordre de la Division le 2 décembre 1915 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en avril 1919 ;

Mort le 15 mars 1969.

Le sous-lieutenant Paul Victor GERARD.

Engagé volontaire au 5^e BCP ;
Au 45^e BCP en juin 1918 ;
Mort de ses blessures le 19 août 1918.

Le sous-lieutenant Nicolas Léon Alix HENNEQUIN. 

Rédacteur principal au Ministère de la Guerre ;
Incorporé au 44^e RI en octobre 1912 ;
Soldat de 2^e classe en octobre 1912, élève officier de réserve en 1913, sous-lieutenant de réserve en avril 1914, lieutenant à titre temporaire en août 1915, lieutenant de réserve à titre définitif en décembre 1916 ;
Au 5^e BCP en avril 1914, au 1^er BCP en février 1917, à l’état-major de la 20^e Région en août 1917, à l’état-major de la 8^e DI en août 1918 ;
Blessé au Linge le 29 juillet 1915 ;

Mort le 10 décembre 1982.

Le sous-lieutenant Paul René Louis Marie MAURICE.

Incorporé en octobre 1905 ;
Soldat de 2e classe en octobre 1905, caporal en septembre 1906, sergent en décembre 1907, adjudant en août 1914, sous-lieutenant à titre définitif en juillet 1915 ;
Blessé au Linge le 4 août 1915 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en 1937 ;

Mort le 19 septembre 1944, fusillé par les Allemands.

Le sous-lieutenant Emile Auguste MELCIOLLE.

Limonadier restaurateur ;
Incorporé au 21e BCP en octobre 1908 ;
Chasseur de 2e classe en octobre 1908, caporal en février 1909, sergent en septembre 1909, sous-lieutenant de réserve à titre temporaire le 10 mai 1915 ;
Blessé au Linge le 5 août 1915.

Mort le 15 juin 1955.

Le sous-lieutenant Georges François Auguste MONTILLOT.

Dessinateur ;
Incorporé en juin 1913 ;
Soldat de 2^e classe en juillet 1913, sergent en janvier 1915, aspirant en juin 1915, sous-lieutenant à titre temporaire en juillet 1915, lieutenant à titre temporaire en novembre 1917, lieutenant à titre définitif en avril 1918 ;
Sous-lieutenant le 16 juillet 1915 ;
Cité à l’ordre du bataillon le 1^er février 1915 ; cité à l’ordre du bataillon le 15 février 1916 ;

Chevalier de la Légion d’honneur en 1931 ;

Mort le 3 décembre 1956.

Le sous-lieutenant Louis Jean ROUSSET.

Cultivateur ;
Engagé volontaire pour 4 ans en octobre 1903 ; rengagé en 1907, 1908, 1909, 1910, 1912, 1913 ;
Dragon de 2^e classe en octobre 1903, brigadier en décembre 1904, maréchal des logis fourrier en juin 1907, maréchal des logis en septembre 1907, maréchal des logis fourrier en janvier 1912, maréchal des logis chef en juin 1912, adjudant en août 1914, sous-lieutenant à titre temporaire en mars 1915, lieutenant à titre temporaire en septembre 1917 ;
Au 11^e régiment de dragons en 1903, au 5^e BCP en novembre 1914, au 23^e RI en septembre 1916 ;
Blessé au Linge le 7 août 1915 ;

Cité à l’ordre du Corps d’Armée le 25 septembre 1920 ;
Mort le 14 mai 1930.

Les parcours des blessés

En sus de ces parcours, parfois surprenants, les fiches matricules, dossiers de la Légion d’honneur, cartes de renseignements de la Croix-Rouge, et archives du Service Historique de la Défense, permettent également dans certains cas de prendre connaissance, à la découverte des blessures subies par ces officiers, du temps écoulé jusqu’à leur retour au bataillon :

• Capitaine MOUGEL : blessé le 22 août 1914 (plaie à la main droite par balle, plaie au sommet de la tête), non évacué ; blessé le 28 août 1914 (plaie à la main gauche par balle, commotion cérébrale), revenu au corps le 5 janvier 1915.
• Lieutenant TABOURNEL : blessé le 22 août 1914 (plaie au bras), non évacué (tué le 5 septembre 1914).
• Sous-lieutenant GRAS : blessé le 22 août 1914 (plaies multiples par coups de feu et éclats d’obus à l’abdomen), revenu au corps le 11 septembre 1914 ; blessé le 4 février 1915 (plaie par balle au genou gauche) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Sous-lieutenant BERNIN : blessé le 1^er septembre 1914 (plaie par balle au thorax), revenu au corps le ; blessé le 29 juillet 1915 (coup de feu à la tempe, perte d’un œil) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Sous-lieutenant BOUCHUT : blessé le 1^er septembre 1914, mort de ses blessures le 3 septembre 1914.
• Capitaine DE GUERNON : blessé le 1^er septembre 1914, mort de ses blessures le 9 mai 1915.
• Commandant JACQUEMOT : blessé le 10 septembre 1914, revenu au corps le 6 novembre 1914.
• Lieutenant ROUSSEL : blessé le 10 septembre 1914 (plaie par balle de la main gauche, fracture de la main droite, plaie avec contusion de l’œil droit, affaiblissement de la vue) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Sous-lieutenant THAMIN : blessé le 10 septembre 1914, date de retour à l’activité inconnue ; blessé le 25 janvier 1915, date de retour à l’activité inconnue.
• Sous-lieutenant BESANÇON : blessé le 17 septembre 1914 (plaie par balle à la main gauche), date de retour à l’activité inconnue (blessé le 23 janvier 1915, mort de ses blessures le 24 janvier 1915).
• Sous-lieutenant NAUDON : blessé le 31 octobre 1914 (plaie par balle à la main gauche et à la main droite, palie de la région pectorale, plaie au bras gauche) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Lieutenant CARDOT : blessé le 13 décembre 1914 (plaie par balle de l’omoplate gauche, fracture de l’humérus gauche), date de retour à l’activité inconnue ; blessé le 5 août 1915 (plaies par éclats d’obus à la face et à la langue, fracture du maxillaire inférieur), date de retour à l’activité inconnue.
• Lieutenant DE MONLEON : blessé le 13 décembre 1914, capturé.
• Capitaine WILLIGENS : blessé le 14 décembre 1914 (plaie par balle à la jambe gauche), capturé.
• Sous-lieutenant LEGATHE : blessé le 25 janvier 1915 (plaies multiples et légères des membres, plaie par balle de la fesse gauche), revenu au corps le 20 août 1915.
• Lieutenant DELAHAYE : blessé le 2 juillet 1915 (éclat d’obus au genou droit), revenu au corps le 24 août 1915.
• Capitaine MULLER : blessé le 4 février 1915 (région cervicale et dorsale), revenu au corps le 5 mars 1915.
• Sous-lieutenant GODFROY : blessé le 29 mars 1915, date de retour à l’activité inconnue.
• Sous-lieutenant CHRISTOPHE : blessé le 11 avril 1915 (plaies au crâne par éclats de grenade (française)) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Capitaine DELIVRE : blessé le 19 avril 1915 (éclat d’obus à la jambe droite) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Lieutenant CANNET : blessé le 18 juin 1915 (plaie à l’épaule droite par balle) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Sous-lieutenant Marie Joseph André ADAM : blessé le 20 juin 1915, revenu au dépôt le 11 juin 1916.
• Sous-lieutenant NITARD : blessé le 20 juin 1915 (entorse tibio-tarsienne), revenu au corps le 20 août 1915.
• Sous-lieutenant BOURGEOIS : blessé le 20 juin 1915 (plaie par balle à la jambe gauche) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Sous-lieutenant MEURER : blessé le 20 juin 1915, mort de ses blessures le 25 juin 1915.
• Sous-lieutenant AUBRY : blessé le 21 juin 1915 (plaie par balle au bras droit) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Lieutenant ORDIONI : blessé le 25 juin 1915, date de retour à l’activité inconnue.
• Lieutenant ROUSSET : blessé le 21 juillet 1915 (commotion par éclatement d’obus), non évacué ; blessé le 25 juillet 1915 (plaie par éclats d’obus à la jambe gauche), revenu au corps le 30 août 1915.
• Capitaine DANJEAN : blessé le 29 juillet 1915 (contusion par éclats d’obus à la hanche droite), revenu au corps le 3 octobre 1915.
• Sous-lieutenant GERARD : blessé le 29 juillet 1915, date de retour à l’activité inconnue.
• Sous-lieutenant HENNEQUIN : blessé le 29 juillet 1915 (plaies multiples par éclats d’obus au bras et au côté droit) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Capitaine PEROTEL : blessé le 4 août 1915 (plaies par éclats d’obus à la tête), blessé le 7 août 1915 (plaie par éclats d’obus à l’épaule droite) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Capitaine SAILLARD : blessé le 4 août 1915 (plaie par éclats de grenade au mollet gauche) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Lieutenant CLERC : blessé le 4 août 1915 (plaies multiples par éclats d’obus) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Sous-lieutenant MAURICE : blessé le 4 août 1915, revenu au corps le 11 août 1915.
• Sous-lieutenant FORT : blessé le 5 août 1915 (plaies par éclats d’obus à la tête) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Sous-lieutenant MELCIOLLE : blessé le 5 août 1915 (hémiplégie gauche par pierre consécutive à éclats d’obus) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Sous-lieutenant NOUHAUD : blessé le 6 août 1915 (contusions des vertèbres lombaires et de l’omoplate gauche par chute d’arbre) ; date de retour à l’activité inconnue.
• Capitaine MARION : blessé le 7 août 1915 (plaie de la fesse gauche et de l’avant-bras gauche) ; date de retour à l’activité inconnue.

Entre arrivée et mise hors de combat

Enfin, un axe d’étude particulièrement frappant est celui qui nous permet de constater le temps écoulé, parfois extrêmement court, entre le moment où chacun de ces officiers mis hors de combat est promu, muté ou nommé au sein du 5^e BCP et le moment de sa blessure ou de sa mort. Ci-dessous figure ce que nous en savons, dans l’ordre chronologique des combats, sachant que ces éléments ont surtout un véritable intérêt en ce qui concerne les sous-lieutenants et lieutenants :

• Capitaine MOUGEL : muté par décision du 25 mars 1914, blessé le 22 août 1914
• Lieutenant GRAS : affecté le 23 janvier 1912, blessé le 22 août 1914
• Lieutenant TABOURNEL : affecté le 24 novembre 1913, blessé le 22 août 1914

• Capitaine DE GUERNON : muté par décision du 29 mars 1913, blessé le 1^er septembre 1914, mort de ses blessures le 8 mai 1915
• Capitaine NARDIN : affecté le 23 décembre 1912, tué le 1^er septembre 1914
• Sous-lieutenant BERNIN : incorporé le 16 novembre 1903, blessé le 1^er septembre 1914
• Sous-lieutenant BOUCHUT : affecté le 15 août 1914, blessé le 1^er septembre 1914, mort le 3 septembre 1914
• Sous-lieutenant CONJARD : affecté le 15 août 1914, tué le 1^er septembre 1914
• Sous-lieutenant SCHLUMBERGER : promu le 26 septembre 1913, tué le 1^er septembre 1914

• Lieutenant TABOURNEL : muté le 24 novembre 1913, tué le 5 septembre 1914
• Sous-lieutenant Jean Antoine ADAM : promu le 19 septembre 1913, tué le 5 septembre 1914

• Lieutenant HEUDE : muté le 28 septembre 1910, tué le 6 septembre 1914

• Commandant JACQUEMOT : muté le 23 septembre 1913, blessé le 10 septembre 1914
• Lieutenant ROUSSEL : promu le 27 mars 1903, blessé le 10 septembre 1914
• Sous-lieutenant THAMIN : arrivé le 3 août 1914, blessé le 10 septembre 1914

• Lieutenant CARDOT : muté par décision du 9 septembre 1913, blessé le 13 décembre 1914
• Lieutenant CHENOT : muté par décision du 28 mai 1913, tué le 13 décembre 1914
• Sous-lieutenant DE MONLEON : arrivé le 17 octobre 1914, blessé et capturé le 13 décembre 1914

• Capitaine WILLIGENS : arrivé le 26 novembre 1914, blessé et capturé le 14 décembre 1914
• Sous-lieutenant MATUSSIERE : arrivé le 17 octobre 1914, tué le 14 décembre 1914

• Sous-lieutenant LESAGE : arrivé le 30 décembre 1914, tué le 19 janvier 1915
• Sous-lieutenant COSSON : arrivé le 10 janvier 1915, tué le 23 janvier 1915
• Sous-lieutenant MOULUN : arrivé le 10 janvier 1915, tué le 23 janvier 1915
• Sous-lieutenant BESANÇON : incorporé le 16 novembre 1903 ; blessé le 17 septembre 1914 ; blessé le 23 janvier 1915, mort de ses blessures le 24 janvier 1915
• Sous-lieutenant LEGATHE : incorporé le 8 octobre 1908, blessé le 25 janvier 1915
• Sous-lieutenant THAMIN : cf. supra ; blessé le 10 septembre 1914 ; blessé le 25 janvier 1915

• Capitaine MULLER : arrivé le 17 décembre 1914, blessé le 4 février 1915
• Lieutenant GRAS : cf. supra ; blessé le 22 août 1914 ; blessé le 4 février 1915
• Sous-lieutenant BONJOUR : arrivé le 9 janvier 1915, tué le 4 février 1915

• Lieutenant CAMUS : arrivé le 26 décembre 1914, blessé le 18 juin 1915
• Sous-lieutenant CANNET : arrivé le 9 janvier 1915, blessé le 18 juin 1915
• Commandant COLARDELLE : arrivé le 15 novembre 1914, tué le 21 juin 1915
• Sous-lieutenant Marie Joseph André ADAM : arrivé le 10 janvier 1915, blessé le 20 juin 1915
• Sous-lieutenant BOURGEOIS : arrivé le 19 janvier 1915, blessé le 20 juin 1915
• Sous-lieutenant MEURER : muté le 3 février 1915, blessé le 20 juin 1915, mort de ses blessures le 25 juin 1915
• Sous-lieutenant NITARD : arrivé le 4 avril 1915, blessé le 20 juin 1915
• Sous-lieutenant AUBRY : promu le 4 juin 1915, blessé le 21 juin 1915
• Sous-lieutenant DE MASSON D’AUTUME : affecté le 1^er avril 1914, tué le 21 juin 1915
• Lieutenant ORDIONI : muté par décision du 18 juin 1915, blessé le 25 juin 1915
• Capitaine COPPENS : muté le 23 juin 1913, capturé le 1^er juillet 1915
• Sous-lieutenant MENGEL : incorporé le 9 octobre 1912, capturé le 1^er juillet 1915

• Capitaine DANJEAN : arrivé le 12 juillet 1915, blessé le 29 juillet 1915
• Lieutenant GADAT : incorporé le 7 octobre 1911, blessé le 22 août 1914 (alors sergent) ; tué le 29 juillet 1915
• Sous-lieutenant BERNIN : cf. supra ; blessé le 1^er septembre 1914 ; blessé le 29 juillet 1915
• Sous-lieutenant CHAFFANJON : arrivé le 22 juillet 1915, tué le 29 juillet 1915
• Sous-lieutenant HENNEQUIN : promu le 1^er avril 1914, blessé le 29 juillet 1915
• Sous-lieutenant AUDEMARD : arrivé le 22 juillet 1915, tué le 1^er août 1915
• Sous-lieutenant DE FRAMOND : muté par décision du 4 août 1915, blessé le 1^er août 1915
• Commandant BARBEROT : arrivé le 26 juin 1915, tué le 4 août 1915
• Capitaine PEROTEL : arrivé le 14 juillet 1915, blessé les 4 puis 7 août 1915
• Capitaine SAILLARD : muté par décision du 8 mars 1913, blessé le 4 août 1915
• Lieutenant CLERC : arrivé le 14 juillet 1915, blessé le 4 août 1915
• Sous-lieutenant MAURICE : promu le 1^er juillet 1915, blessé le 4 août 1915
• Capitaine CARDOT : cf. supra ; blessé le 13 décembre 1914 ; blessé le 5 août 1915 (« venu pour prendre le commandement de la 5^e compagnie et blessé avant d’avoir pu la rejoindre » [sic JMO du 5^e BCP])
• Sous-lieutenant FORT : arrivé le 14 juillet 1915, blessé le 5 août 1915
• Sous-lieutenant MELCIOLLE : promu et muté par décision du 10 mai 1915, blessé le 5 août 1915
• Lieutenant NOUHAUD : arrivé le 14 juillet 1915, blessé le 6 août 1915
• Capitaine MARION : arrivé le 22 juillet 1915, blessé le 7 août 1915
• Sous-lieutenant ROUSSET : muté le 6 novembre 1914, blessé le 7 août 1915

Conclusion

C’est une bien émouvante galerie de portraits que celle-ci, au final, qui réunit certes des officiers issus du sérail, mais surtout, devenus majoritaires au fil des pertes accumulées et des remplacements effectués, d’anciens sous-officiers ayant gagné leurs galons au feu, ou passés par Saint-Maixent. La diversité, et souvent même l’originalité, de leur profession avant guerre, nous montre, si besoin était, à quel point ceux-ci étaient aux antipodes de l’image, encore trop largement contrefaite, qui peut être donnée d’eux.

Remerciements

Très sincères remerciements aux membres du forum Pages 14-18 qui nous ont si efficacement prêté main, forte, en plusieurs occasions, dans la quête parfois complexe de l’identité et des parcours de ces hommes.