Il y a 100 ans tombait le capitaine Cornet-Auquier

cornet-auquier

(cet article a été mis à jour le 29 avril 2023)

Il y a un peu plus de 100 ans, le 2 mars 1916, disparaissait le capitaine André Cornet-Auquier, commandant la 1ère compagnie du 133e régiment d’Infanterie, à l’âge de 28 ans. Blessé quelques jours auparavant au ventre et évacué sur l’hopital de St Dié, il y succombe à ses blessures.

Qui s’intéresse aux combats du 133e RI dans les Vosges est familier du capitaine, qui a laissé un témoignage des combats à travers des courriers publiés après son décès par sa famille en 1917, Un soldat sans peur et sans reproche.

Parcours

Naissance

Né à Nauroy (Aisne) le 2 juillet 1887, Hector Fréderic Arthur André Cornet, dit Cornet-Auquier est le fils d’Arthur Cornet-Auquier (1855-1940), pasteur protestant, et de Frédericke Henriette Walbaum (1861-1918). La famille Cornet-Auquier est très internationale, et compte de nombreuses branches à l’étranger, que ce soit aux Etats-Unis (l’artiste Irène Charlesworth Johnson est une cousine) ou en Angleterre. Le père d’André est né en Wallonie, et lui même fils de pasteur. Sa mère, fille de pasteur elle aussi, est né à Bonn en Allemagne et compte aussi des négociants de champagne (famille Heidsieck).

André est le fils aîné de la fratrie de 7 enfants (cinq filles, deux garçons). Il suit ses études au collège à Chalons-sur-Saône puis son lycée à Lyon. Il poursuit des études de lettres à l’université de Dijon puis à Liège, en Belgique. Licencié en philosophie, il commence une carrière d’enseignant au Junior school St-Lawrence college de Ramsgate, en Angleterre. 

Service militaire

Après avoir bénéficié d’un sursis, il effectue son service militaire en 1911 comme élève officier de réserve au 27e RI, où il est formé par le capitaine Braun. Il devient sous-lieutenant de réserve au 133e régiment d’infanterie de Belley le 1er avril 1913. Mis en disponibilité le 25 septembre 1913, il traverse de nouveau la Manche et devient professeur à Glasgow (Écosse), puis au Pays-de-Galles, à Colwyn Bay.

Officier de réserve au 133e RI

Il est rappelé au 133e RI lors de la déclaration de guerre comme sous-lieutenant et rejoint la France dès le 2 aout. Dès le 20 août, il rejoint le régiment en Alsace. Lors de la bataille du col des Journaux, sa section couvre la retraite du bataillon à Saulcy-sur-Meurthe, dans le parc du château. Le 19 septembre 1914, il est nommé à la tête de la 1ere compagnie, avec le soutien de son chef de bataillon – le commandant Barberot – et le capitaine Maxime Cornier (dont le portrait a été publié sur ce blog). Il passe lieutenant à titre temporaire le 22 octobre 1914. 

Héros de la cote 830 et de La Fontenelle

Il sert énergiquement à la Fontenelle, notamment lors de la phase critique postérieure à l’attaque désastreuse du 27 janvier 1915. Passé capitaine à titre temporaire le 27 mai 1915, il participe activement avec sa compagnie à la victoire de la cote 830, lors de la bataille de Metzeral, le 15 juin 1915, où il enlève « trois lignes de tranchées ennemies ». Il reçoit la Croix de guerre avec citation à l’ordre de l’armée le 21 juin, des mains du commandant Barberot. La citation est publiée le 31 août 1915 au journal officiel :

CORNET (Hector-André-Marie), capitaine au 133e rég. d’infanterie : fait preuve sans cesse des plus belles qualités militaires et a communiqué à sa compagnie l’énergie dont il est animé : le 15 juin, a brillamment enlevé sa compagnie à l’attaque et s’est emparé de trois lignes de tranchées ennemies formidablement organisées.

Il s’illustre à nouveau à La Fontenelle le 8 juillet 1915, où il assure « énergiquement la commandement de son bataillon, dont le chef avait été tué ». Pour ce deuxième coup d’éclat, il reçoit des mains du généralissime Joffre la Légion d’honneur le 13 juillet 1915, à Rambervillers, avec le motif suivant, publié au journal officiel du 13 août 1915 :

Brillant officier, s’est distingué en toutes circonstances depuis le début de la campagne, particulièrement le 15 juin et le 8 juillet 1915 où il a brillamment entraîné sa compagnie à l’assaut. A assuré énergiquement le 9 juillet 1915 le commandement de son bataillon dont le chef avait été tué.

Officiers du 133e RI décorés le 13 juillet par Joffre. Le capitaine Cornet-Auquier est le dernier à droite.

Le lieutenant-colonel Baudrand et les officiers du 133e RI décorés par Joffre le 13 juillet 1915 à Rambervillers. Le capitaine Cornet-Auquier est le deuxième à partir de la gauche.

Il demande aussi à passer dans l’armée d’active dès janvier 1915. Sa demande est officiellement acceptée le 16 janvier 1916. Ce mois là, il bénéficie d’une permission et rejoint sa famille à Chalon-sur-Saône. 

La mort du capitaine Cornet-Auquier

De retour de permission depuis seulement trois semaines, sa « bonne étoile » lui échappe dans la nuit du 29 février au 1er mars 1916, quand son cantonnement est bombardé à Dénipaire, dans les Vosges. Il est grièvement blessé par un éclat d’obus qui lui traverse la cuisse et perce ses intestins. Il décède un peu plus tard, le 2 mars 1916 à l’hôpital mixte de Saint-Dié, en présence de son père et d’une de ses sœurs qui ont pu le rejoindre. Il est enterré au cimetière de la ville le 4 mars, en présence du général de la division, de la brigade, du lieutenant-colonel Baudrand commandant le 133e RI et de nombreux officiers et hommes du régiment.

Son corps est transféré rapidement pour être inhumé à Chalon-sur-Saône dans une tombe privée en mars 1916, où son père est pasteur, ce qui est un usage inhabituel pendant la guerre. Il y repose toujours avec sa mère et son père. 

Tombe André Cornet-Auquier

Postérité

En 1918 sont publiés par la Société d’Edition de Toulouse des extraits de sa correspondance dans l’ouvrage intitulé : Un soldat sans peur et sans reproche , et au sous-titre qui rappelle le contenu moral que l’ouvrage souhaite porter (bien souligné dans l’article qui est consacré au capitaine Cornet-Auquier sur le site du CRID) :

pages dédiées aux jeunes pour leur servir d’exemple en mémoire de André Cornet-Auquier, capitaine au 133e régiment d’infanterie… mort pour la France… le 2 mars 1916 : extrait de sa correspondance et discours prononcé / par le pasteur H. Gambier… .

Ces extraits sont issus d’une correspondance comptant près de 400 lettres. L’ouvrage est traduit en anglais la même année sous le titre : A Soldier Unafraid: Letters from the Trenches on the Alsatian Front, Little, Brown, and Company, 1918 (traduction par Elizabeth Story Gleason, préface par Théodore Stanton). 

André Cornet-Auquier avec sa soeur, Marguerite.

L’une de ses sœurs, Marguerite (1880 – 1973), infirmière pendant la guerre, devient directrice de la maison de santé protestante de Bordeaux, Bagatelle, à Talence. Elle est décorée de la légion d’honneur comme son frère. 

Deux autres sœurs épousent des anglais : Yvonne (1893  ?) Harold Cooper le 30 août 1915; et Evelyne (1902 – ?) William Wilson le 3 avril 1926. Sa soeur Lucie (1896 – ?) épouse André Hagen (1894 – 1963) et passe une partie de sa vie en Nouvelle-Calédonie et à Saïgon. Enfin, sa soeur Thérèse devient assistante sociale. 

Un site anglais rend hommage au capitaine, présentant plusieurs objets militaires lui ayant appartenu, notamment sa plaque d’identité, le sifflet que le commandant Barberot lui a offert le 5 janvier 1915, ainsi que la Croix de guerre avec palme remis par le commandant le 21 juin 1915 après la prise de la cote 830.

Le capitaine et le commandant

Les liens entre le commandant Barberot et le capitaine Cornet-Auquier sont très forts. Le commandant lui offre le 5 janvier 1915 son sifflet d’officier qui l’avait accompagné depuis la Crète. Cornet-Auquier évoque à de nombreuses reprises le commandant dans ses écrits, montrant la proximité que créé cette guerre des tranchées entre les hommes, et dressant un portrait plus intime et humain :

Le mentor

J’ai un commandant épatant, très calé, et en qui j’ai une confiance absolue, ce qui est énorme. Il me pousse et veut faire de moi un « chef », m’a-t-il dit (4 octobre 1914)

Je lis: « Le lieutenant-colonel Dayet, commandant le 133e, envoie ses félicitations à Monsieur Cornet-Auquier promu lieutenant. » Mon chef de bataillon et un capitaine que j’aime beaucoup [il s’agit du capitaine Cornier] avaient ajouté au bas: « Nous y ajoutons les nôtres. » (28 octobre 1914)

Nous avons offert une croix à notre cher Commandant [le commandant Barberot vient de recevoir la légion de d’honneur]. Nous la lui avons remise dans l’intimité, et ce fut très touchant. Jacquier a chanté : « Brodons des étendards et préparons des armes », moi, j’ai récité: « Après la Bataille », mais en l’arrangeant à ma façon comme une parodie. Je crois que jamais je n’ai vu le commandant se tordre de la sorte. Il a dit : « Il y a des ressources à la 1ere Compagnie. » (9 décembre 1914)

L’amuseur

Je vous ai dit que je mangeais maintenant avec le commandant Barberot, et je vous assure que nous faisons de bonnes parties de rire. Le commandant et moi sommes d’ailleurs les deux boute-en-train de la bande, et le capitaine Cornier, mon ami, avec qui je loge, fait les meilleurs jeux de mots, avec un air de ne pas y toucher. C’est un homme excessivement bien, très froid, très consciencieux, et avec qui j’apprends beaucoup. (14 janvier 1915)

J’ai fait un couplet sur le commandant; ça se chante sur l’air de : « Bois mystérieux et forêt profonde ». Le commandant s’est bidonné! Il veut que je le lui copie. J’ai fait ça en faisant ma tournée à travers nos positions. Je me propose de faire quelque chose d’analogue sur tous les officiers du bataillon. (17 janvier 1915)

L’autre jour, nous avons découvert, dans les ruines d’une ferme brûlée et abandonnée, un vieux haut-de forme, mode 1830, et dans quel état! Je m’en suis affublé, et j’ai fait l’ouvrier anglais endimanché et soûl! Je crois que jamais je ne les ai fait autant rigoler. Le commandant et le capitaine Cornier en étaient réellement malades. Je faisais semblant de ne plus pouvoir même allumer une cigarette, et j’ai usé ainsi la moitié d’une boîte de tisons d’un copain. La conversation avait lieu moitié en français parlé comme un Anglais le parle, et il fallait les entendre. Le commandant a dit qu’il n’a jamais autant ri que depuis le début de la campagne. Vous voyez que pour le moment du moins nous ne sommes pas à plaindre. (26 janvier 1915)

Hier, j’arrive chez le commandant que la situation tracasse et qui se fait du souci ; au bout de cinq minutes, je l’avais déridé. — « Ah ! vous avez bien fait de venir, vous me remontez ! » (25 février 1915 – le commandant doit faire face à la pression allemande qui a occupé une partie de La Fontenelle après l’assaut désastreux du 27 janvier)

J’ai fait, cette nuit, étant de garde aux tranchées, une parodie de Mignon. Le commandant l’a immédiatement réclamée :

— Quel âge as-tu?
— Les prés ont reverdi, les fleurs se sont fanées.
Et je viens du Kaiser combattre les armées.
— Quel est ton nom?
— Ils m’appellent Hector
Et puis André encore.
— Quels pays lointains as-tu traversés pour venir jusqu’ici?
Vers quelles contrées lointaines as-tu porté tes pas?
— Connais-tu le plateau de pierre et de rocher,
Le plateau des pruneaux, des grenades vermeilles,
Où tombent des marmites qui n’ont rien de léger,
Où la balle bourdonne, ainsi que des abeilles,
Où fait rage toujours, comme un don de Satan,
Un éternel hiver sous un ciel terrifiant?
Hélas! que ne puis-je m’enfuir
De ce secteur afïreux où Bulot (1) m’exila
C’est là…
C’est là qu’il me faudra vivre
Sécher, peut-être mourir…
etc..
Connais-tu la tranchée où veillent nos soldats,
Et le bois de fayards où, lorsque la nuit tombe.
Le Bavarois nous guette en se terrant bien bas?
Et la sape Dumont, où vient valser la bombe.
Et, s’envolant au ciel, pareils à des oiseaux.
Les gros minenwerfers qui nous brisent les os…
C’est là.,, etc..
Vous pouvez constater que le moral n’est pas mauvais puisqu’on fait des vers.

(2 mars 1915)

Les combattants

Huit poilus de ma compagnie ont tenu en échec, cette nuit, de 80 à 100 Boches qui, armés de bombes, grenades, fusils, revolvers, haches, venaient tenter un coup de main contre un de nos postes avancés. Après une demi-heure de combat, l’ennemi ahuri par le bruit fait par nous, aveuglé par mon projecteur, a battu en retraite. Un de mes hommes, blessé à la main et à la cuisse, a continué à lancer des grenades jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Le chef de poste, un sergent, a été épatant de sang-froid, lançant lui aussi ses grenades sous une pluie de balles ! Le commandant Barberot a adressé aux compagnies de son bataillon cet ordre du jour : « Vive la 1ère compagnie! » (25 mai 1915 – il s’agit d’un coup de main allemand à Battant-de-Bourras qui échoua)

Le commandant Barberot me propose pour une citation à l’ordre de la Division, pour les services rendus, depuis 8 mois, comme commandant de compagnie. J’en suis tombé des nues. Je lui ai dit que je n’avais fait aucune action d’éclat, et que je ne voulais pas être cité. Il m’a répondu : « Quand une compagnie a la valeur morale et le courage de la vôtre, elle le doit à son chef, par conséquent… Et puis d’ailleurs c’est mon affaire. » — Je n’ai pas insisté. Vous me voyez avec la Croix de guerre! (30 mai 1915)

Ce matin a eu lieu une bien touchante cérémonie : le commandant Barberot m’a remis, devant ma compagnie, la Croix de guerre avec palme. Il a adressé quelques paroles à mes hommes, et a lu le texte de ma citation à l’ordre de l’armée. Il a terminé en disant : « C’est pourquoi je suis heureux d’épingler la Croix de guerre sur la poitrine de mon ami le capitaine Cornet-Auquier. » Ce mot « ami » m’a fait un plaisir immense. Puis il m’a embrassé sur les deux joues. (21 juin 1915 – cette remise fait suite à la prise de la cote 830 par la compagnie du capitaine).

L’amitié

Le commandant et moi ne nous quittons guère ; la mort de notre excellent ami, le capitaine Cornier, nous a encore rapprochés ; nous avons partagé la même chambre, la même botte de paille, le même morceau de fromage, le même croûton de pain. (22 juin 1915)

La bataille est terminée [il s’agit de la bataille de Metzeral], pour le moment du moins, et nous avons notablement progressé. — Les prisonniers allemands avouent des pertes énormes ; ils paraissent tout heureux de s’être rendus, mais ils ont eu d’abord une peur terrible d’être fusillés. Leurs officiers, nous disent-ils, leur racontent que nous tuons nos prisonniers et qu’ainsi ils ont intérêt à se battre jusqu’au dernier. Nous leur prouvons  le contraire en étant aussi bons que possible avec eux. Le commandant et moi leur avons donné du tabac et des cigarettes. On peut haïr la nation et ses chefs, mais ces soldats, pris individuellement, n’ont fait qu’obéir. Des êtres qui au contraire ne savent  inspirer aucune pitié, ce sont les officiers ; la plupart sont arrogants à gifler. (23 juin 1915)

Le commandant est en forme, il raconte ses histoires avec une verve inouïe, qui arrache des éclats de rire si frais, si gais ! C’est délicieux. (25 juin 1915)

Le commandant Barberot, appelé au commandement du 5e chasseurs, a fait, hier, ses adieux à son bataillon; il a su, comme toujours, trouver les mots qui portent. Tous pleuraient. Vous ne pouvez vous faire une idée des acclamations dont il a été l’objet. Quand son bataillon se fut éloigné sur la route, et que lui regagnait, la tête basse, sa demeure, on l’a vu qui se retournait encore, et portant sa main à son képi saluait une dernière fois ses enfants. Pauvre premier bataillon ! Voilà ce que nous ont valu nos succès! J’ai le moral bas depuis ce départ ; mais il faut réagir en souvenir de lui, pour les hommes, pour ceux qui comptent sur nous, pour le pays. (26 juin 1915)

Le souvenir

Le commandant Barberot me manque beaucoup. Je me sens si seul, après toutes ces secousses ! Je ne suis pas encore remis de ces émotions pénibles, j’ai comme une angoisse au cœur. (15 juillet 1915 – juste après sa remise de légion d’honneur par Joffre, et après la reprise de La Fontenelle où il s’est illustrée).

L’après-midi, M. M…, chef de la sûreté de l’armée et moi sommes allés à Plainfaing, pour déposer deux couronnes sur la tombe du pauvre cher commandant Barberot, tombe bien modeste : un tertre, une croix de bois, une couronne des chasseurs, de petites fleurs des champs fanées. Dire que cet homme si supérieurement intelligent et cultivé, si vivant et à l’activité si débordante repose là sous quelques pieds de terre. C’est inimaginable ! Je ne me consolerai jamais de la mort de cet homme. (29 août 1915 – le commandant Barberot est tué le 4 août 1915 et enterré provisoirement à Plainfaing)

Sa proximité avec le soldat Louis de Corcelles

Pendant toute cette période, dans sa compagnie sert le soldat (puis caporal puis sergent) Louis Chevrier de Corcelles.  Une proximité s’installe entre les deux hommes.

Les parents de Louis offrent un périscope au lieutenant. Louis de Corcelles écrit dans sa lettre du 17 février 1915 :

Mon cher lieutenant a reçu votre périscope.

Louis raconte à ses parents le 28 décembre 1915 la messe de Noël :

Mon capitaine C. A., bien que protestant, a assisté à une messe de minuit dite à 4 kilomètres d’ici au 115e territorial. Des artistes parisien ont chanté et C. A. s’est délecté à un « Minuit Chrétien » et à un « Avé Maria » de Gounod. Mon Capitaine, avec qui j’ai souvent de longues conversations, est un homme très intelligent, lettré et instruit, agrégé d’anglais et professeur de français à Glascow. Vous le connaissez d’ailleurs pour l’avoir vu à Etival. Nous parlons souvent ensemble de l’Ecole des Chartes. 

C’est aussi ce capitaine que Louis de Corcelles décrit quelques instants avant l’assaut de la cote 830 le 15 juin 1915 :

Le 15, dans la matinée, le capitaine Cornet nous réunit, tous les gradés de la compagnie, et nous fit ses dernières recommandations : « Enlever la 1ère ligne allemande, dit-il, serait bien. Enlever la 2e serai mieux. Enlever la 3e et s’établir au-delà serait très bien. Arriver à Metzeral serait parfait. » Les chefs se sentaient émus et inquiets à l’idée d’attaquer cet éperon du Sillackerwasen, la Cote 380 [il faut lire 830] réputée presque inexpugnable. 

Par la suite, c’est le capitaine Cornet-Auquier qui pousse Louis de Corcelles à postuler pour être aspirant, après les combats de la Fontenelle en juillet 1915 (où Louis s’est brillamment illustré). Le capitaine rédige cet avis :

Le Capitaine commandant la 1re Compagnie transmet avec l’avis le plus favorable la demande ci-jointe faite par le sergent Chevrier de Corcelles. Cet excellent sous-officier est sans aucun doute un de ceux en faveur desquels un tempérament doit être apporté à l’exclusion de ces gradés, des pelotons d’Elèves-aspirants. – Engagé volontaire pour la durée de la guerre le 22 août 1914, arrivé au front le 12 septembre, le sergent Chevrier de Corcelles n’a cessé depuis lors de donner la plus entière satisfaction à ses chefs. Nommé caporal le 28 février 1915, puis sergent le 7 août, il était en outre cité à l’ordre de la Division le 20 juin 1915 à la suite des combats de Metzeral et recevait la Médaille militaire le 13 juillet, après le combat de la Fontenelle, avec le motif suivant : « Engagé volontaire pour la durée de la guerre. Haute valeur morale et bravoure remarquable. S’est particulièrement distingué le 8 juillet en sautant le premier dans une tranchée allemande occupée et faisant de nombreux prisonniers. » – Les qualités du cœur du sergent de Corcelles ne sont égalées que par ses hautes qualités intellectuelles. Esprit fin et cultivé, il allait se présenter à l’Ecole des Chartes lorsque la guerre éclata. Son frère ainé, Capitaine au 146e Rég. d’Inf., a été tué à l’ennemi le 1er sept. 1914 ; son plus jeune frère s’est engagé pour le venger ; de Corcelles appartient donc à une famille où l’on a le culte des vertus militaires et des plus pures traditions françaises.

Par l’ensemble de qualités morales et intellectuelles dont il n’a cessé de faire preuve, le sergent de Corcelles paraît tout désigné pour suivre le peloton d’Elèves-aspirants, il sera plus tard, pour le corps des officiers, une recrue de toute première valeur.

Sa fiche mémoire des hommes a bien entendu été indexée. On peut aussi trouver son dossier de légion d’honneur sur la base Leonor.

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